On y décolle au son d’Apache, morceau inaugural extravagant, à la fois cosmique et mordant de par des guitares guerrières (Bastet est le nom d’une déesse egyptienne qui, sous sa forme de chatte, symbolise la joie et l’accouchement et qui, sous sa forme de lionne, est la déesse de la guerre), doté d’une voix empreinte de folie, qui m’évoque…Catherine Ringer des Rita Mitsouko.
Ce titre surprend et captive, donc, et il en sera de même sur les dix autres réalisations de Bastet, à commencer par Rien, où voix planante et éthérée et organe plus conventionnel s’associent sur une trame synthétique, et dans une ambiance, dignes des plus belles heures de la cold et du novö, du post-punk aussi, français. On aurait bien vu ces compos, séduisantes jusque dans leurs trames parfois uniformes, sur la compil’ Des jeunes gens modernes, initiée par Agnes B., ou encore sur Bipp: french synth wave 79-85. Mais il est à noter que dans le cas présent, La Chatte élabore une synthèse personnelle et inventive, moderne et passéiste, des tendances liées à ces courants. On vibre sur le rythme alerte et dénudé de Jacques, la démence vocale dont Vava y fait preuve, puis ce Danse aux duels guitares-claviers attractifs, muni de boucles d’un bel effet. Puis une énergie punk anime le bien nommé Libre, les six-cordes se montrant ici offensives et les synthés plus enjoués, le tout greffé sur un rythme franc et saccadé. La Chatte atteint le meilleur en s’appuyant sur une méthode simple et dégraissée, possédant de toute évidence le talent et la cohésion nécessaire à cela. Et sur Mortelle robe chinoise, l’allure se fait moins vive, le climat sombre, légèrement oriental, ce morceau se situant dans la catégorie de ceux qui, en dépit d’une trame inchangée, obsèdent et restent en tête.
Retour ensuite à une avancée plus directe sur Cosmique cosmétique, les entrelacs vocaux faisant merveille, de même que des riffs de…synthés, si je ne m’abuse, percutants, alliés à des séquences plus délicates et des textes aussi imaginatifs que déroutants. Chaque pièce musicale possède son identité, une capacité d’attraction conséquente, et Une femme monsieur, trépidant et porté par des claviers virevoltants, aussi très céleste, aux effluves psyché émanant de ce chant ouvertement halluciné, enfonce définitivement le clou d’un univers auquel s’adjoignent des plages acides, avant que Ti bo, portant en lui cette incroyable verve synthétique, Vava y allant une fois de plus de son phrasé singulier, ne vienne optimiser le niveau d’ensemble de cet album sans « plantages ».
Il reste alors deux titres, Ambiance, agité et s’adressant autant, comme nombre d’autres compositions, au mental qu’à notre partie plus physique, nous emportant dans un tourbillon psyché aux effets inédits et enchanteurs. Ceci avant qu’Amour, plus posé, aux textes répétés telle la manifestation d’un besoin..d’Amour inassouvi, assorti de nappes synthétiques sobres et bien pensées, ne mette un terme à l’opus décrit en ces lignes, superbe coup d’éclat au sein d’une scène hexagonale dont la richesse ne cesse de croitre.