Ici, c’est la relecture du superbe Twice, issu du flamboyant premier album éponyme de YETI LANE, qui nous est offerte, avec trois titres complètement inédits, le trio devenu duo suite au départ de Loac Carron signant une évolution significative.
C’est donc ce titre mémorable qui ouvre la danse, fort de sa ritournelle pop acidulée, de la voix sensible et fragile de Benn Pleng, et qui touche sur ce EP au krautrock. Le morceau développe de superbes plages à l’effet psychédélique, des offensives guitaristiques complétant le tout avec brio, de même que les touches synthétiques de Charlie Boyer, obsédantes et dont giclent des sons acides. Yeti Lane frappe un grand coup d’entrée de jeu et l’on attend dès lors de connaitre jusque dans ses dernières notes le contenu de cette orientation nouvelle, tant on sait le groupe capable du meilleur.
L’intro syncopée du bien nommé Floating nous met sur la bonne voie, suivi de fulgurances synthétiques alliées à ce rythme continuellement haché mais asséné, entouré de motifs sonores décisifs. Cette verve dans l’enrobage sonore se même aux prétentions pop du chant, songeur, et la paire livre un second titre de haute volée, à l’issue duquel on pressent d’ores et déjà un contenu à venir de très bonne tenue.
Speed me up et son amorce soignée, délicate, fait dans une pop-folk de choix traversée par des excès sonores retenus, et affiche, comme de coutume avec Yeti lane, une certaine superbe dans sa trame, élégante mais déviante, inventive et, on s’en réjouira, jamais complètement conventionnelle. La réussite est donc une fois de plus de rigueur, et le plus surprenant reste à venir, sous la forme de Wave, dernier titre de ce superbe Twice.
Evoquant, comme le dit à juste titre la petite bio accompagnant l’EP, Neu!, Spiritualized et Kraftwerk, et long de plus de huit minutes, Wave offre un début haut perché, avant de s’intensifier et de brouiller les pistes en alternant les rythmes par le biais de la frappe infaillible de Charlie. Prenant, ce morceau semble alors s’en tenir à une certaine retenue, mais de superbes envolées soniques et planantes surviennent et l’élèvent vers les cimes. L’auditeur s’y retrouve balloté entre psychédélisme céleste à souhait et acidité sonore, la première option prenant toutefois le pas pour mettre fin à cet ultime morceau magistral.
Et l’on se retrouve avec, entre les mains, un EP parfaitement représentatif du chemin pris par Yeti Lane, intégralement abouti, personnel et passionnant, qui aiguise sévèrement notre envie d’entendre la suite.