Dès ce titre inaugural donc, chanté par des voix fleurant bon les 90’s et porteur de plans à la Fugazi de bon aloi, de fulgurances bruitistes parfaitement tenues aussi, on se rend compte que le groupe a franchi un pallier et se situe désormais parmi les pointures hexagonales, aux côtés, par exemple, de formations comme Osni ou Drive with a dead girl.
L’entrée en matière est donc tonitruante et Sons of Frida a ensuite le bon goût d’imposer un titre plus lent, Burn, doté d’un gimmick…de basse, si je ne m’abuse, plus qu’attractif, les voix entremêlées produisant elles aussi un effet considérable. On pense aussi à Warehouse pour ces envolées de choix, les dérapages noisy de la clique s’avérant être délectables au plus haut point, et des cuivres superbes viennent à la fois alléger et magnifier ce second morceau imparable. Puis c’est un Quiche agité, plutôt fonceur, qui fait de ce trio introductif une triangulaire de haut niveau. Directe, cette chanson montre l’aisance du groupe dans tous les registres, et calme d’ailleurs le jeu sur sa dernière minute de belle manière.
Passé ces débuts fulgurants, c’est un Six and a half nuancé qui s’offre à l’auditeur ébahi, intense mais restant dans une certaine retenue, cette voix influente complétant, par la rage mêlée de douleur qu’elle dégage, le tableau fringuant, zébré de dérapages guitaristiques incontrôlés, des Sons of Frida. Et l’instant d’après, c’est une petite minute de ces cuivres splendides qui nous est offerte, trop courte cependant pour satisfaire entièrement, nous laissant avec un goût d’inachevé tellement l’esquisse est de bon augure (Molly Spencer).
Qu’à cela ne tienne, les parisiens nous régalent ensuite des sept minutes de Beefdealer, fonceur et débridé, muni de ces orages soniques décisifs, d’embardées bruitistes démentielles, Sons of Frida tempérant le tout avec adresse pour ensuite revenir, sur la dernière minute du titre, à un rythme frontal orné de la trame noisy dont ils ont le secret.
On n’est cependant pas au bout de nos surprises puisque ce sont ensuite les quasi onze minutes de Cut the house qui mettent fin dans la superbe à The bulgarian LP. Sur une trame post dominante, qui semble s’étirer au point d’imposer définitivement son atmosphère captivante et répétée, Thierry, Clément, Benoit et Emmanuel greffent soudainement une explosion noisy qu’étoffe une voix presque off et narrative. L’effet est conséquent, l’idée louable et l’exécution aboutie…d’autant qu’arrivent ensuite les cuivres…qui, surprise, complètent l’ébauche audible sur Molly Spencer, ce fameux cinquième titre que je qualifie plus haut d’inachevé. Alliés à une batterie toute en roulements et des effluves noisy, ils achèvent avec splendeur un album de tout premier ordre, certes encore influencé par…les plus grands, ce qui le crédite d’autant, mais qui surpasses ses influences et les réinvestit dans la création, affirmée, d’un univers personnel diablement attrayant.