Il y pratique seul (on le devine aisément à la vue de la pochette, éloquente et magnifique) et trousse dix titres parfaits, faits d’une pop agitée prenant des colorations diverses. Sorte de Beck en moins décousu, flirtant à l’occasion avec la noisy-pop (I’m sorry) et une power-pop sautillante et mélodique (Anywhere), il impose des mélopées parfaites et réhabilite les volutes Gainsbouriennes (celui de Aux armes, etc…) le temps de l’intro d’un I trust you imparable, matiné d’électro, juste ce qu’il faut (Boogers maitrise l’art de faire bien avec peu, on s’en réjouira) et relevé par une voix féminine discrète et marquante. Et sur I lost my lungs, une amorce presque enfantine, étoffée par de bien beaux cuivres, évoque Grandaddy. Des guitares elles aussi remarquables apparaissent et le refrain, mémorable, fait de cette chanson un incontournable, appelant autant à l’enthousiasme qu’à la bonne humeur, et livrant de brèves grattes noisy qu’on appréciera grandement.
De nombreuses bonnes idées émaillent le travail de Boogers et sa pop, euphorisante et vêtue d’apparats divers et toujours seyants, fait mouche à chaque instant. Des riffs tranchants (Put your head) s’invitent aux réjouissances et le côté bancal des compos de Stéphane engendre une improbable cohérence. Cette rudesse dans les riffs accouche sur Talk to Charlie d’un morceau puissant et virevoltant, et il y a dans les compos d’ As clean as possible du Supergrass, dans cette habileté à trousser des morceaux pop-rock vifs et dotés de six-cordes vigoureuses.
Des voix entremêlées introduisent ensuite Someday, qui livre lui aussi des guitares mordantes et acérées, sur un rythme franc et des mélodies encore une fois soignées, étincelantes, d’obédience Britannique. Avec, cerise sur la gâteau, ces cuivres élégants et des passages acoustiques de toute beauté. On reprend ensuite une salve..salvatrice de grattes tranchantes sur Perfect week, à l’énergie punky, qui m’évoque Johnny Boy (tiens, un autre tourangeau…), les synthés prenant alors le relais par le biais de nappes sobres et décisives.
I wanna do it now instaure, l’instant d’après, des penchants plus apaisés…finalement brièvement « abimés » par des guitares noisy et une accélération rythmique bienvenue. L’alternance entre parties souillées et plages mélodiques et plus tranquilles est exemplaire et rend l’opus décrit en ces lignes indispensable, comme le prouve ce I’m sorry équilibré entres synthés guillerets et électricité retenue, qui se déchaine bien sur ensuite sur fond de chant braillé du meilleur effet. Puis c’est The devil, urgent, au chant saccadé, fort de passages massifs réellement énormes, qu’étayent des accords mordants, et auxquels succèdent des moments plus posés….au rythme et aux vocaux hip-hop parfaitement en phase avec le reste et nous montrant que Boogers maitrise l’art du collage musical. Pour, à l’arrivée, signer un album magistral, bourrés de tubes power-pop diversifiés et pertinents à l’extrême.