Ils y mêlent électro, house et esprit rock avec un certain savoir-faire, le tout à base de synthés et de voix traficotées adroitement mis en place.
Si les influences house peuvent dans un premier temps s’avérer un poil gonflantes (Run, le morceau introductif), les bruitages, bien trouvés, sauvent la mise et évitent le faux-pas sur ce titre moyen et sans grande surprise.
Cette impression se réitère sur Guilt trips sink ships, avant que la voix n’arrive, allant de pair avec des synthés analogiques aux nappes cette fois dignes du plus grand intérêt. Puis les rêveries sonores de Bad choices, auxquelles succèdent un chant là encore non-conventionnel, redressent définitivement la barre tout en dévoilant une originalité appréciable et bienvenue de la part des ressortissants d’Edmonton. Le promesses issues du premier opus semblent être largement tenues, le côté non-organique se voyant compensé par une inventivité, et un allant, conséquents, qui s’expriment pleinement sur le plus saccadé Coming home, sur lequel Cadence weapon intervient au chant. Hip-hop mais pas uniquement, reposant sur un tempo lourd et massif, sans que la mentalité rock de Shout out out out out, d’un point de vue sonore, n’en soit altérée, cette plage est une véritable réussite et définit presque, même si un groupe comme Senser l’a déjà et très bien fait, les jalons d’une nouvelle fusion. Les échappées de plans rap vers des contrées électro-psyché sont justes et bien amenées, puis How do I maintain, pt.I, impose des sonorités obsédantes sur fond de percus très présentes, la voix, « robotisée », disposant elle aussi d’un pouvoir de séduction certain. Intenses et alternant des climats divers et complémentaires, les morceaux de Reintegration time font mouche, et How do I maintain pt.II suit cette voie tout en insistant sur le côté rock des Canadiens (les sons de synthé, et cette batterie, évoquant clairement et ouvertement cette mouvance) de la formation.
C’est ensuite le funky et entrainant One plus two plus three, avec San Serac au chant, qui nous emporte dans son flux et apporte aussi, par le biais de cet organe vocal cette fois « normal », de la variété à ce registre. Les genres musicaux sont passés à la moulinette Shout out out out out et en ressortent transcendés, sous l’effet d’une trame synthétique ingénieuse aux élans irrésistibles.
Le groupe fait étalage de son habileté sur le long format qu’est Remind me in dark times, dansant et toujours doté de ce phrasé vocal dont le « filtrage » ne lui enlève en rien le côté humain, dont l’enrobage sonore s’intensifie au fur et à mesure de son avancée.
C’est ensuite In the end it’s your friends qui complète la large gamme proposée, les claviers menant bien sur la danse de par leur panel captivant et cohérent, puis Reintegration time, long de plus de dix minutes, progressif et doté d’un break atmosphérique judicieux quoiqu’un peu trop long, met fin…de façon moyenne, compte tenu de l’absence de voix et du manque de relief dans le rythme, à un opus dont cette conclusion en demi-teinte ne viendra pas éroder la qualité.
Un très bon disque donc, différent et attrayant de bout en bout, ou presque, et des « gens du Grand Nord » à découvrir sans plus attendre.