Après des efforts isolés augurant d’une suite sans écarts, les deux entités décuplent ces qualités en associant leurs univers et leurs visions, et trouvent en ces quatorze titres un terrain d’entente parfait et idéal, entre new-wave et cold-wave à la fois froide et presque enjouée en certaines occasions, à dominante synthétique sans que cela n’altère la valeur, conséquente, du rendu.
Une touche gothique, mesurée, est même de mise sur l’introductif Abscissa, lancinant et majestueux, au climat prenant. Le chant en Français, grave et séduisant jusque dans son uniformité, passant plutôt bien. Puis les deux acolytes déclinent un panel large, vif sur Dance on fire (les Sisters of Mercy de Floodland ne sont pas loin), assorti d’une basse cold enivrante sur The painter, lui aussi remuant, parvenant par le biais de sons décisifs et de climats accrocheurs à faire de ce début d’album une réussite intégrale. Si les claviers dominent, l’utilisation d’instruments « normaux », aussi éparse que bien dosée, se combine sans problèmes à ces nappes elles aussi déterminantes, et le duo poursuit ses investigations couronnées de succès sur les imparables Connected on radio brain et The city, sur lesquels les motifs sonores, atout de taille de M et May, étoffent parfaitement le tempo soutenu et la voix grave du second nommé.
Sur Suis-je un rêve, qui voit le retour au Français dans le chant, le rythme se fait plus saccadé, de même que sur The merry go round, des claviers sombres et grinçants engendrant un intérêt conséquent, et l’on se rend compte que le travail commun accroit les possibilités des deux intervenants, leur permet d’opter pour des colorations musicales diverses tout en restant dans l’esprit « new/cold » qui les caractérise de prime abord. Franche, intermédiaire (Minimal life) ou plus timide, la trame de ces deux « vétérans » talentueux et expérimentés de notre scène s’avère juste et habilement construite, et fait preuve de sobriété dans son étayage. On en appréciera donc le côté direct et fonceur, sur In the picture, autant que ses penchants abyssinaux sur The sphere, massif et presque indus, tout en s’arrêtant à l’excellente reprise de Seconde chambre sur Victoires prochaines. Et suite à cela, Le revolver, aux percus presque dansantes, leste et souple dans le même temps, puis les synthés délicieusement présents de In your mind, minimal et pourtant bien orné (c’est aussi la force des deux hommes, cette capacité à faire les choses à partir de trois fois rien si ce n’est leur ingéniosité et leur aisance dans la création de sons et d’atmosphères captivants) enfoncent le clou de leur rock aussi actuel qu’issu d’un passé magistralement réinvesti.
Dernier moment avant départ, à la noirceur à peine tempérée par des sons plus « clairs », dans un premier temps incertain puis beaucoup plus affirmé d’un point de vue rythmique, achevant ensuite de façon percutante un premier jet commun sans fautes, au digipack en noir et blanc élégant, du même niveau que les sorties des « collègues » [audible] et Brachko. Et par conséquent, en un mot, indispensable.