MANU KATCHE
Jeudi 18 mars 2010
salle du Vigean (Eysines 33)
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Habituellement, le concert commence dès lors que l’obscurité envahie la pièce. Les nyctalopes jouent alors leur rôle de sentinelles, alertent l’assemblée qui accueille les heureux ménestrels sous une salve d’applaudissements et de cris hystériques.
Les cris sont d’autant plus hystériques que le public est en majorité composé de jeunes femmes, sortant en groupe et sans leurs conjoints, et que l’artiste de la soirée est un bellâtre qu’elles verraient bien dans leurs lits en lieu et place de la moitié qui partagent habituellement leurs quotidiens.
Les diurnes aperçoivent furtivement les silhouettes des différents membres du groupes prenant place, l’excitation monte à son comble. Un tac tac de baguettes, une gratouille de basse et tout démarre.
En cette soirée du 18 mars de l’an de grâce deux mille dix, cette tradition n’a pas été respectée. C’est sous le feu des projecteurs que l’esprit frappeur arrive accompagné de ses acolytes. Quelques mots pour nous saluer et présenter la triplette qui l’accompagne.
Manu Katché savoure ce moment, il est face à nous et nous donne le rythme. Ce soir le concert commence par un morceau dont nous sommes les instruments : nous claquons des doigts ce qui laisse à chacun des trois musiciens le temps de trouver sa place et de faire les derniers réglages.
A droite de la scène, la bête trône : une Yamaha OAK custom parée de trois crashs et de deux cymbalettes, dont nous apprécierons la sonorité un peu plus tard. Une fois le gars installé, nous remarquons que sa position de jeu est basse. Durant près d’une heure et demie, baquettes et balais viendront caresser les différentes peaux et cymbales pour nous offrir des titres issus du nouvel album, auxquels viendront se mêler des oeuvres plus anciennes.
S’il y a bien quelque chose que l’on attendait tous c’était un solo du Maistre : nous n’avons pas été déçu et je me suis souvenu de cette phrase de Joseph II rapportée lors d’une répétition de Mozart : ‘Trop de notes, mon cher Mozart’.
En effet, on comprend mieux l’exigence du Maistre quand on aperçoit le niveau du vénérable. Ce n’est pas donné au commun des mortels d’enchaîner un tel solo avec une telle précision, une clarté de jeu, le pire c’est qu’il semble avoir encore des réserves, et bien que le rythme devienne endiablé, il laisse paraître une décontraction et une aisance sans bornes.
Seules les cymbales semblent souffrir et tentent de se sauver ou sous les attaques répétées de l’esprit malin. Et là encore c’est avec facilité qu’il réajuste le Charley qui prenait le large et la cymbale qui se mettait à l’abri.
Enfin nous noterons une attention toute particulière, pour nous qui sommes venus le voir, car c’est l’échange entre le public et l’artiste qui porte et apporte à chacun.
http://www.myspace.com/manukatche
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Merci à Manu Katché,
Crédit Photos : Thierry