Label rennais au catalogue d’artistes de haute tenue, oeuvrant le plus souvent dans une veine électro-rock comprenant des compositions dont aucune n’a à endurer la moindre critique, Ideal Crash inaugure, avec ce split entre les Russian Sex Toys et Green Vaughan, sa collection White Label, celle-ci démarrant en fanfare avec les premiers nommés, venant de Rennes (on ne soulignera jamais assez à quel point cette ville respire le rock) et leur Fuck Radiohead post-punk de belle facture, où synthés remarquables et guitares franches, alliés à une voix non-conventionnelle, font merveille. A la fois puissant et atmosphérique dans ses « accalmies », ce morceau est une une bombe qui suscite l’envie d’écoutes intempestives et répétées, et la clique met définitivement tout le monde d’accord avec A perfect triangle, qui rappelle le meilleur des parisiens de This is Pop sur leur White Monkeys. Les guitares défouraillent ou se font plus funky, la voix, charmeuse ou encanaillée, s’y associe avec brio et le rythme, franc et presque mécanique, vous emporte dans une sarabande effreinée. La réussite est complète et le troisième et dernier titre des Bretons, Spread the disease (remix) balourde une électro remuante et dansante du plus bel effet, aux nappes de claviers obsédantes. Entre 80’s « rénovées », revival post-punk personnel et abouti et organique-synthétique plus que parfait, on tient là un bien bel espoir, qui démontre, avec ces morceaux de folie, que nul n’est besoin d’être « vieux » en termes d’années d’existence pour convaincre et imposer des morceaux tubesques.
Comme si cela ne suffisait pas (il est vrai que la durée réduite de l’objet donne des regrets, au vu de la qualité qui en émane), Green Vaughan, balance d’entrée de jeu un Between my legs doté…de cuivres, si je ne m’abuse, bienvenus, à la trame électro irrésistible, mise en valeur, ici encore, par une voix, celle de Sushi, entre folie et élans plus enjoleurs. Des séquences massives, ainsi que des guitares terriblement appréciables, relèvent en outre le tout et permettent aux lillois une entrée en matière tonitruante, qu’ils valident le temps de ce Defective spit machine entre The Faint, White Loose Woman et l’électro bruitiste et déglinguée d’un Atari Teenage Riot, d’un allant et d’une inspiration à couper le souffle. Forts de ces deux coups d’éclat, Sushi, alias Niko, et Spung aux guitares, nous font ensuite don d’un Villainy bien équilibré entre puissance initiée par la voix du premier, aigüe et perçante, et des vagues « synthés-guitares » déjantées auquelles le second participe avec un savoir-faire surprenant.
A l’instar de leurs collègues rennais, les Green Vaughan inventent et combinent des sonorités géniales, distordues, et n’ont de cesse de creuser et exploiter un genre qui leur appartient. Et qui, sur ce six-titres terrible, fait feu de tout bois et crédite grandement leurs auteurs ainsi que le label de Simon Jouneau.