Cru et direct comme sur ce premier titre aux choeurs féminins efficaces, puis plus pesant sur Crazy one, il fait preuve d’aisance quel que soit le registre adopté, et verse dans un psychédélisme haut perché, digne des Black Angels ou des titres les plus célestes de Thee Hypnotics, le temps d’un No need to moan aux motifs répétés prenants. Sur Little bird, c’est la mélodie, superbe, qui prévaut, l’association des chants faisant merveille, de même que ces guitares dont l’effet et la valeur restent constants, dans la délicatesse comme dans leurs moments les plus belliqueux.
Ce côté bluesy/psyché retenu, Lynx Lynx le maitrise merveilleusement et l’exploite pour imposer de superbes compos telles que Blues for the underweight. Ce faisant, il parvient à équilibrer son répertoire, dont on aurait cependant aimé qu’il se pare ça et là d’élans plus ouvertement colériques. C’est chose faite sur This tribe of yours et son tempo soutenu, réussite parmi beaucoup d’autres, dont l’une des vertus est de faire cohabiter mélopées soignées, inspiration dans l’enrobage sonore et force de frappe certaine avec une habileté surprenante. Chaque titre atteint la cible et Jan, Jessica, Anna et JW ont de surcroît la bonne idée de maintenir un niveau élevé sur la fin de leur effort, à commencer par Dirty hands, saccadé et assez mordant. Représentative de ce que le groupe aime et sait faire, à mi-chemin des tendances qu’il inclut et réinvestit, cette plage amorce donc le terme des festivités de façon réjouissante, en imbriquant rudesse et modération, mélodies et échappées plus brutes, le tout sur fond de télescopage entre plans bluesy, embardées rock et incrustes psyché.
En outre, le son, c’est perceptible par exemple sur the skin I’m in qui arrive ensuite, est idéal, sans fioritures, jamais trop travaillé, et sied parfaitement à l’univers mis en place par ces gens de la Rhur. Et sur ce titre comme sur bien d’autres, leur rock bluesy marécageux, dans le même temps flou et distinct, produit un effet significatif.
Il nous reste alors trois titres à nous mettre dans les écoutilles et I killed the light, à la voix masculine dont la gouaille évoque Circus of Power, supportée par son pendant féminin plus conventionnel et enjôleur, exhale lui aussi ce blues déviant, insubordonné, dont la superbe le place sur les cimes du genre et lui permet de dépasser ses influences.
Puis c’est le fonceur et jouissif Volcano, usant de cette même dualité dans les voix et envoyant avec allant un rock 70’s dont les relents, assortis de soli de guitare brefs mais marquants, dotent l’oeuvre décrite ici d’un cachet d’importance, et un Smokey mountain à l’acoustique de fière allure, qui achèvent de faire de ce disque, et par conséquent de ce groupe, une jolie découverte, qu’il serait dommage de rater et indécent de passer sous silence.