Sur celui-ci, qui associe les « anciens » de la scène bordelaise, les excellents Sincabeza, et les Anglais de Souvaris, venus de Nottingham, nous avons droit à cinq titres aboutis, qui suscitent justement la réflexion suivante; pourquoi ne parle t-on pas plus de ce genre d’artistes?
Souvaris ouvre le bal en imposant deux longues pièces d’un post-math vivace et élégant, débutant par un Great Scott fin, taillé dans un post-rock ingénieux et ne souffrant nullement d’un penchant exclusivement instrumental. Des envolées belliqueuses ponctuent efficacement les morceaux des britanniques, par le biais notamment de guitares tranchantes et de claviers ébouriffants, et Souvaris breake habilement, à environ deux minutes du terme, pour imposer une succession de climats prenants. La réussite est indéniable et sur Hello, Antelope, la nervosité instrumentale, saccadée et assortie de motifs sonores primordiaux, fait la différence et permet au groupe d’amorcer ce split de façon magistrale. Force et finesse cohabitent merveilleusement et la rupture voulue et mise en place par Souvaris s’avère juste et débouche sur un horizon différent mais parfaitement en phase avec ce qui précède, preuve de l’adresse affichée dans l’addition d’atmosphères et dans l’élaboration de celles-ci.
Passé ces deux morceaux de haute volée, Sincabeza déboule avec un Bacalacola irrésistible, fougueux et rythmé, noise, noisy aussi, digne de ses précédentes sorties discographiques. Là encore, la rudesse d’une instrumentation rock, mis en lien avec des gimmicks sonores bien trouvés, est à porter au crédit des intervenants, qui récidivent sur Facile à compter, lui aussi vif et mordant, porteur de plages plus délicates et comme toujours de ces sonorités inégalables, caractéristiques de groupes de cette mouvance comme John Makay ou, dans un registre légèrement différent, Marvin. Un chant bref mais remarqué, à base d’onomatopées, fait son apparition, et Sincabeza, à l’instar de Souvaris, breake intelligemment, ce qui accroit l’intérêt du à ses morceaux bondissants.
Pour terminer ce split, les Aquitains se permettent un morceau de plus de huit minutes, Malalido, qui nous délecte de ces sons venus d’ailleurs et d’un rythme d’abord asséné qui n’aura de cesse, tout au long du morceau, de nopus embarquer sur différentes pistes tout en s’acoquinant avec une trame instrumentale elle aussi changeante et constamment attrayante. L’énergie directe et bien pensée de Sincabeza s’avère de surcroît entièrement complémentaire de celle, un tantinet plus délicate et aussi probante, de Souvaris, et la clique mise en scène à l’occasion de ces cinq morceaux signe un très bon disque, hébergé par un label dont nous vous conseillerons, de ce fait, la découverte imminente, tout en vous recommandant également de vous plonger dans l’univers des groupes concernés.