On pensait que General Elektriks était le maitre de ce funk au groove démoniaque, il faudra désormais compter avec Chris Joss, multi-instrumentiste français ayant déjà pas mal roulé sa bosse et affichant un savoir-faire similaire à celui de RV Salters et sa clique.
Sur cet album dansant et porteur de sonorités vintages du plus bel effet, à base de giclées d’orgue hammond impeccablement supportées par une instrumentation riche, vive, il se hisse à un niveau plus que respectable et apporte un crédit conséquent au créneau funk. De plus, le panel de notre homme est lui aussi large tout en s’en tenant à une appartenance funk marquée et assumée avec bonheur.
Dès We got some parts (part 1 & 2) , Chris nous embarque dans un tourbillon funky aux plages qui m’évoquent…les meilleurs moments instrumentaux des Beastie Boys, avec force batterie endiablée, guitares fines et basse galopante. Détendu sur Optical, « wah-wahisant » sur ce Kali Flowers dépaysant, twistant comme jamais sur Ford mustard cutter, légèrement jazzy sur Keep on digging, le bonhomme gratifie son auditoire d’ambiances envoûtantes et incitant au trémoussement.
On appréciera autant les rythmes galopants de Backbeating que Highway 75, plus « cool » et tout aussi imprenable, doté d’une guitare acidulée décisive, ou un Within feutré. Puis Jha mon, ultime titre de cette belle démonstration d’inventivité, mettra fin à la prestation de Chris en nous laissant dans un état de béatitude prononcé.
Surprenant, convaincant dans ses excès comme dans ses moments de modération, ce Monomaniacs est un opus à retenir et constitue, pour les quasi-novices -dont je suis- et du bonhomme et de cette musique, une bien belle découverte.