Concilier yéyé et rock’n’roll direct, chant en français et instrumentation percutante, tout en parvenant à étoffer celle-ci de sonorités inédites , et joindre le bout de deux époques; l’une, révolue mais toujours aussi prisée, et l’autre, plus actuelle. Voilà ce que réussissent The Rebels of Tjuana sur ce EP trépidant.
D’emblée, J’adore ce flic se pose comme un tube rock épicé et presque « Dutronien », à la Nino Ferrer aussi, doté de sons acides et d’un clavier bien utilisé, puis le festival se poursuit sur Ma Jaguar. Il est rare de « faire passer » le yéyé sans se départir d’une impression de faiblesse ou de mièvrerie, et le quatuor y arrivent avec un certain brio, en dotant celui-ci d’une énergie rock bienvenue et en faisant preuve d’inspiration dans l’étayage de ses morceaux. Une certaine aisance aussi, dans le jeu, leur permet d’imposer des plages grandement appréciables, et même Garden of drugs, troisième titre se passant de chant sans dénoter, convainc par son allant et sa nuance bien amenée. La vigueur rock se conjugue parfaitement avec un psychédélisme qui ajoute une jolie touche au répertoire de ces talentueux Rebelles, qui réalisent ici un sans faute en terminant sur le classieux Between the stars, chanté en Anglais, mélodique et bien positionné entre penchants rock (une superbe guitare, cette fois encore) et envolées plus « spatiales » dues à un clavier tout aussi attrayant. Avec, en plus de cela, une voix elle aussi attractive, en phase avec l’enrobage concocté par les trois autres intervenants, on obtient un EP qui twiste sévèrement et met brillamment à l’honneur un mouvement que Mustang, autre formation oeuvrant dans ce créneau, redore avec le même bonheur.
Pas loin de constituer une grosse révélation, ce qu’ils ne manqueront pas de confirmer à l’avenir, les Rebels of Tijuana constituent au minimum une découverte à faire sans tarder sous peine de rater un groupe original et promis à de bien belles choses.