Brachko, c’est le projet solo de Jérôme Avril, ex Mary Goes Round, duo formé, donc, par lui-même et Cécile Balladino et qui a profondément marqué le paysage new-wave/rock hexagonal entre 88 et 92 avec des perles comme, entre autres, Sunset ou Mary in wonderland, aux côtés d’autres formations de haute tenue comme The Pollen ou Little Nemo.
Sur ce projet, Jérôme se situe dans la jouissive lignée de son ancienne formation et nous replonge, le temps de dix perles d’une new-wave nerveuse et mélodieuse, dans une ambiance envôutante d’où émergent des scories noisy-pop. On pense d’ailleurs à Ride sur Up in the sky, titre inaugural joliment chanté, rythmé et qui voit la formule guitares/synthés prendre sans trainer. Une mélopée simple vient se poser sur cet enrobage habile et d’emblée, Jérôme lève le doute sur le contenu et la nature de son retour. L’énergie et l’inspiration sont intactes et la valeur des morceaux s’en voit décuplée, l’adresse affichée dans ce dosage entre new-wave racée, énergique, et plans noisy « d’époque » permettant un rendu brillant. My wonder, du même accabit, le démontre notamment par le biais d’une envolée instrumentale dont la particularité est d’être aussi simple qu’appréciable, avec en « bonus » cette voix presque songeuse, en phase parfaite avec l’ensemble. Puis New dawn, doté d’une batterie, à moins que ce ne soit une boite à rythmes, peu importe, plus pressante, valide définitivement la grandeur de ce come-back très attendu de ceux qui, j’en suis et la fierté n’en est que plus grande encore, ont connu l’éopque Mary Goes Round.
Arrive ensuite Can’t live without you, noisy, alerte et léger, qui me fait penser qu’en termes d’alliage entre rock et new-wave, le sieur Avril fait montre du même savoir-faire que les excellents Gay Dad sur Leisure noise. Brachko suit une voie unique, la sienne, celle qu’à partir d’un passé probant et de goûts très fiables doublés d’un talent précieux, il s’est construite, comme sur Up and down, sombre, porteur d’une petite touche cold bienvenue, puis ce My bloody phone plus vigoureux encore. Les mélodies, superbes, se voient emportées par le flux d’une instrumentation tendue, urgente, tempérée par des plages synthétiques elles aussi judicieuses. The alfama et ses guitares déchainées, l’un de mes préférés, en est l’exemple type, et Jerôme y chante avec un peu plus de morgue sans se départir de ses vélléités mélodiques de tout premier ordre. Chacune des dix chansons, vous l’aurez compris, est digne d’intérêt et dévoile des petits plus de nature à faire la différence comme, sur ce morceau ravageur, ces claviers servant de contrepoint aux six-cordes débridées. Ou, sur Silence, cette sensibilité pop, ce côté presque spatial émanant des nappes synthétiques.
A partir d’un étayage sans surplus…superflu, Brachko signe un disque flamboyant, et se permet un clin d’oeil compréhensible au passé avec l’excellentissime Merry-go-round, aux riffs secs, avant d’enchainer, et de terminer, sur The man with the hammer, noisy, remonté, que je trouve pour ma part proche, dans le son comme sur le plan de la qualité, de certaines réalisations des frères Reid. L’allant, le canevas et la force mélodique, l’orientation noisy/wave de ce premier jet en solo forcent la décision et en font un incontournable, à l’instar de cette tension accompagnant l’ultime morceau, lequel nous tient en haleine sur plus de huit minutes sans faiblir un seul instant.
Superbe amorce donc, d’une carrière qu’on souhaite longue et prolifique et chargée en sorties de même teneur.
Man with the hammer, man with the hammer…