Duo nantais avouant un goût prononcé pour la cold-wave des 80’s, Les Modules Etranges matérialise, avec ce Dawn abouti, ses efforts d’écriture et de composition. Bénéficiant pour ma part d’un promo offrant Cindy, Sad partying people et cinq teasers, j’avoue me retrouver sous l’emprise, sur l’intro de Cindy, de ces climats obscurs, grinçants, intenses et planants, aux guitares massives, qui m’évoquent un courant qui aura marqué une époque au fer rouge et dont certains « ressortissants », c’est le cas des Modules Etranges, reprennent le flambeau avec panache.
Une voix féminine profonde accentue cette atmosphère prenante, qui porte les traces de Cocteau Twins, Cranes voire Killing Joke -je pense à celui de Fire Dances– pour les six-cordes acides et perverses. Le rythme percutant, précis, assuré par une boite à rythmes et une basse délicieusement cold, complète le tableau de ce groupe aux compositions plus que crédibles, personnelles, qui assimile ses influences et les « recrache » en les mettant au service d’un univers qui au final lui appartient, et ce premier morceau assure une entrée en matière consistante que Sad partying people, fait d’une new-cold/wave, si l’on peut dire, apaisée, portée par cette basse remarquable et ce chant à la fois chaleureux et éprouvé, confirme brillamment.
Azia (chant, synthé), Jenn (guitare, basse, synthé, MAO), Evran (basse) affichent une cohésion affirmée et quelles que soient les atmosphères retranscrites, entre Cindy Talk, assez plombé, et ce Sad partying people plus éthéré, se montrent performants. Cette qualité leur a d’ailleurs d’assurer les premières parties de formations telles que Gitane Demone , les Legendary Pink Dots ou encore Cindytalk.
Les ébauches qui suivent ces deux titres probants nous montrent que les Modules Etranges n’ont nullement usurpé cet honneur et allient remarquablement une froide distinction dans l’expression de leur ressentis et un certain désabus dans le ton, dans la mise en son de ceux-ci. Le côté lancinant, céleste, prédomine et exhale quelque chose d’intense, de captivant, qui suscite l’envie d’en entendre plus. Et sur le dernier essai de Dawn, les guitares torturées associées à une trame lourde et opressante ferment la marche de fort belle manière.
Les Modules Etranges s’inscrit donc dans la catégorie de ces groupes encore (malheureusement) méconnus, appartenant à un créneau porteur d’une nostalgie compréhensible, qu’ils exploitent de façon singulière et pour un résulat ici irréprochable, en attendant une suite que je pressens excellente.