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L’alternance entre moments de calme relatif et envolées rageuses, typiques de ce que l’on peut entendre chez PJ Harvey, notamment sur ses premiers long-jets, est de mise, et s’impose dès ce Woo Hoo (You’re So) introductif percutant, auquel la voix de Johanna, dotée d’une forme de sensualité encanaillée et parfaitement épaulée par son camarade de jeu, apporte un plus non-négligeable. Les guitares, solides, acérées, ne sont pas en reste et s’acoquinent avec une batterie elle aussi franche, et de cette alchimie très juste résulte un premier titre ravageur, certes proche de ses influences mais porteur d’un savoir-faire qui permettra sans nul doute au duo de creuser plus en avant, dans un avenir proche, le sillon d’un folk-rock bourru, mais non dénué de finesse (l’intro de Storm) et très personnel. Il y a du Dry dans les chansons de Jesus Is My Girlfriend, de la retenue, une tension palpable et bien maitrisée (ce Storm à la fois tendu et raffiné), et le groupe se montre performant tant dans ces moments en apparence apaisés que dans ses envolées épris d’un rudesse rock que l’on ne peut qu’approuver entièrement. Un fond noisy (High Heels) réminiscent d’une époque que le duo apprécie sans nul doute à sa juste valeur, à savoir les 90’s et sa cohorte de groupes au rock de caractère, se fait entendre et rend les titres de ce maxi plus intéressants encore. Et sur Twin Sister, c’est un brillant résumé sonore de ce que Johanna et Armand mettent en place, cette distinction troublée, pervertie par une trame menaçante et par le doux-amer de ce chant féminin, qu’il nous est donné d’entendre. Aucun de ces morceaux ne souffre la moindre critique, si ce n’est celle de ne se démarquer que très peu de leurs sources d’influence.
Mais Jesus Is My Girlfriend, dont il faut souligner qu’il a récemment partagé la scène avec Kevin K. et Ritchie Buzz, et la partagera dans quelques jours avec Mansfield Tya, preuve indéniable de son talent et de son pouvoir d’attraction (et d’adaptation), en duo doué et en devenir certain, maitrise son sujet sans le moindre faux-pas. Et quand survient Cunt, dernier titre, on se réjouit de l’allant rock que J.I.M.G. déploie tranquillement, sur de lui, de cette rugosité adroitement alliée à une douceur distillée avec à-propos, de ces riffs sans fards, cru et directs, en un mot d’un ensemble fringuant…dont les vingt dernières secondes offrent même un bruit de tronçonneuse s’accompagnant de cris masculins exprimant de la douleur ou de la terreur, c’est selon.
Quoiqu’il en soit, le duo convainc à nouveau, et aiguise notre impatience, à l’écoute et au vu des dates passées ou à venir, de l’entendre dans le cadre d’un format plus étendu encore que sur maxi-cd, avec, toujours, cette attitude « self-made », loin de toute sophistication matérielle ou humaine, qui l’honore grandement.