Armé d’une formule électro-rock dévastatrice, de prestations scéniques justifiant le même qualificatif et d’albums démarqués de toute attitude racoleuse ou normée, Bikini Machine remet le couvert avec ce nouvel album parfait. Avant cela, le groupe a fait la rencontre de Jon Spencer qui de fil en aiguille en arrive à produire, accompagné de Ian Capple, l’opus décrit en ces lignes. Le quintet rennais dispose donc d’atouts de taille, qu’il exploite avec brio pour intensifier son électro-rock groovy, brut et élégant, et signer un disque qui se placera sans nul doute parmi les indispensables hexagonaux, au minimum, de cette année 2009.
Il n’est pas permis, ne serait-ce que l’espace d’une seconde, de douter de sa valeur, rassurés et enthousiasmés que l’on est à l’écoute de Good morning, titre électro-garage illuminé et encanaillé par les « yeah » de Laetitia Sheriff et taillé dans une garage-pop électrique et dotée de ruades électro, débouchant sur une ambiance désormais particulière aux rennais. Sur un rythme agité, parfois plus posé pour instaurer une certaine élégance vocale et instrumentale (Où vont les cons?), Bikini Machine embarque l’auditeur dans une sarabande vintage épostouflante (Get down, irrésistible). Il haussse ensuite le rythme tout en se faisant vocalement plus léger, sur Strange day, et en trois titres, ni plus ni moins, impose sa maitrise et son savoir-faire, que la suite de l’album confirmera sans coup férir.
Mis à part donc, ce Où vont les cons? classieux et ironique, Scherzo impulse des séquences électro balafrées par des guitares cinglantes et des voix qui se répondent, The old school faisant de même en usant de boucles obsédantes et addictives. Le chant en Français est également de la partie, sur Mister syncope, et semble servir l’intérêt des morceaux les plus posés, aboutis et qui ont pour mérite de diversifier le chant musical du groupe des ex Skippies Fred Gransard et Mik Prima. On retrouve d’ailleurs un peu de ce côté électro pervertie qu’avait la formation rennaise sur certains titres, démultipliée ici par le quintet. Crash et son allant accentué par le parfait alliage des guitares et des pulsions électro en atteste, de même que Submission et ses riffs aiguisés, et l’on se rend compte que dans ce répertoire, Bikini Machine n’a pour ainsi dire aucun équivalent si ce n’est, justement, la formation menée par Jon Spencer.
C’est ensuite Boxful of pranks qui nous en met plein la vue, dégageant un penchant légèrement funky et s’appuyant sur une vivacité appréciée, la guitare de Frank répondant avec la même vigueur aux rythmes endiablés liés à ce morceau et qui boostent d’ailleurs l’album de A à Z. Sing on it met en valeur cette adresse dans la jusxaposition des différents éléments, avec en plus de cela un orgue délirant et des voix féminines (?) apportant une touche soul remarquable. Et, bien entendu, ces guitares terriblement inspirées, qui introduisent d’ailleurs The race, dernier titre presque entièrement instrumental à la fois fonceur, intense et cosmique, qu’on imagine parfaitement sur une B.O. de film. Un morceau dynamique en diable, placé là comme pour mettre en relief, si c’était encore nécessaire, la dextérité de Bikini Machine en termes d’assemblage musical.