A peu près en même temps que l’album des Dodoz sort ce
premier effort, sur ce format, des lyonnais de Music Is Not Fun. Et si les
toulousains brouillent légèrement leurs influences et se les approprient avec
bonheur, les Rhodaniens optent pour une démarche différente et
complètement tranchée, de surcroît parfaitement assumée: le british à 100%,
dans le son comme dans l’attitude. Les influences sont donc faciles à deviner, perceptibles -il est d’ailleurs
inutile de les citer tant elles s’imposent, à l’écoute, comme des évidences-,
mais d’une part, elles sont « avouées » et d’autre part,surtout, elles
donnent lieu à une douzaine de titres de haute volée, entre pop et rock, entre
délicatesse…british et attitudes plus « sauvage » dans un esprit…british
à nouveau. Tel un juke-box parcourant la scène musicale anglaise de la fin des
60’s à ces récentes années, Music Is Not Fun signe une sorte de compilation,
sous forme d’album, des différentes mouvances qui y sont liées, et réussit
l’examen de passage haut la main.
Rapide (un idéal Essex Girl en ouverture), plus mesuré mais aussi probant (le
délicat, entraînant et très pop Down In The Club), magistralement…pop encore,
avec cette touche rétro concluante ((Do You Love) My Shoes? et son refrain
indélébile), pop-rock façon Blur (HP (please!) et une bonne partie des
morceaux présentés ici), le groupe s’offre même le plaisir d’imiter les
Strokes, d’un point de vue vocal, sur Hey Hey Hey, qu’une voix féminine
contribue à mettre en valeur. Ce sera d’ailleurs là sa seule infidélité à
l’Angleterre, atténuée cependant par la musicalité toute brittanique du
morceau. On se réjouit aussi de leurs chansons alertes (Ghost, portée par des guitares
bavardes), sachant qu’ils se montrent tout aussi assurés sur des sucreries pop
comme Big Ben. ou un titre dépouillé tel que l’est Teenage Love.
On l’aura compris, Music Is Not Fun maitrise parfaitement son univers, partie
intégrante de son quotidien, et l’exploite tout aussi adroitement, aidé en cela
par une expérience scénique conséquente (150 concerts en France, par exemple,
aux côtés de The Rascals, The Wombats, Kill The Young, Electric Soft Parade
etc…). Et bien entendu, il assure grandement sur la fin d’album, entre un
Louise posé, à la classe toute B+++++ (je censure pour « anglicisme à
outrance »), et ses quelques paroles en Français et un 1997 tubesque, comme
l’est la majeure partie de ce Rendez-Vous Brittanique, en dernière position. En
passant par un Spleen Sailor classieux, fort lui aussi de cette distinction à
l’anglaise, et ce London assez Libertines, qui complètent le fringuant exposé
musical français sur ce pays qui, musicalement justement, fait de
nombreuses émules. Celle-ci semble en être l’une des plus sincères et les plus abouties et si l’on
pourrait reprocher à M.I.N.F. de tout miser sur ce procédé et d’y perdre en
identité, le résultat est tellement bon que l’on évitera, les quatre garçons étant
d’ailleurs ici dotés d’une identité plus qu’affirmée même si copiée sur une mouvance précise et bien définie.
Et s’ils nous faisaient,
à l’occasion du prochain opus, la surprise d’un rendez-vous…plus éloigné? A voir mais le rendu serait sans doute prometteur et pour l’heure, nous avons
douze titres de belle facture, dépaysants quoique largement prisés de ce côté-ci de la frontière, à nous mettre, si je puis dire, sous la dent.