Depuis le mémorable Ten qui lança sa carrière sous les meilleurs auspices, PEARL JAM a fait son bonhomme de chemin dans une relative tranquillité et en affichant une productivité appréciable, décevant en outre rarement et perpétuant avec un joli savoir-faire le flambeau d’un rock mordant. S’il a fait partie de ce qu’on appela le Seatlle Sound, il évolue depuis dans d’autres sphères, plus strictement rock’n’roll. Et s’il ne révolutionne pas le gendre, loin s’en faut, il fait encore preuve, près de vingt ans après, de suffisamment d’inspiration pour convaincre sur la durée d’un album entier.
C’est ce qui arrive avec ce Back Spacer aux débuts rageurs, avec ce Gonna See My Friend toutes guitares dehors, dans un registre dans lequel on avoue apprécier grandement la formation d’Eddie Vedder, suivi d’ un Got Some à peu près dans la même veine, découpé dans un rock brut et sous haute tension. Puis The Fixer, boosté par la batterie de Matt Cameron, avec de beaux breaks mélodiques, confirme la verve de ce nouvel opus. Il faut dire qu’on n’en attendait pas moins de PEARL JAM et même le quatrième morceau, Johnny Guitar, athlétique et soutenu, avec des petites accalmies livrant des six-cordes quasiment funky, appuie sur la pédale rock et nous amène déjà à éprouver l’envie de réécouter à l’envie ces titres sans concessions.
Mais avant ça, il y a la suite et sur Just Breathe, c’est le côté acoustique et mélancolique, magnifique, que le quintet privilégie. On retrouve donc avec joie ces penchants « sentimentaux » qui, outre leur grande qualité, tranchent de belle manière avec les envolées nettement plus rageuses qui les précédent. Puis c’est un mid-tempo à mi-chemin de ces deux tendances, Amongst The Waves, qui accroît le panel sonore de PEARL JAM et l’intérêt de ce nouvel opus. Stone Gossard et Mike Mc Cready y allant de leur petit solo, sans trop en faire, pour enjoliver cette chanson.
Il nous reste encore cinq titres et compte tenu du potentiel de Jeff Ament and Co, nos exigences grandissent…et ne seront pas trahies par la fin d’album, dont ce Unthought Known intense et mélodique auquel succède un coup de boutoir furieux très justement intitulé Supersonic, court et rentre-dedans. Retour ensuite à une ambiance plus feutrée sur Speed Of Sound, avant que Force Of Nature, rock et plutôt alerte, bien que moins « fonceur » que les titres les plus rapides de l’opus, n’enfonce le clou d’une orientation…rock justement, prédominante.
Enfin, et comme pour contredire mon écrit, c’est un The End posé, acoustique et doté de cordes charmeuses qui met fin à ce Back Spacer de bonne tenue, épatant de bout en bout en dépit de la démarche inchangée du groupe. Mais ce dernier a le mérite de faire ce qui lui tient à coeur à la perfection, en incluant ça et là quelques petites touches d’originalité qui, sans dénaturer son univers, l’étoffent et le rendent encore plus attrayant.
Très bon retour donc, pour les géniteurs des Once, Go ou autres Even Flow et d’une multitude d’autres titres de haute volée.