Il est de ces disques dont la qualité et l’évidence mélodique est telle que, si leurs géniteurs n’inventent rien, ils écrivent et composent avec un talent tel qu’à l’arrivée, on dispose tout simplement d’une perle étincelante. C’est le cas avec ce premier album éponyme de THE PAINS OF BEING PURE AT HEART, superbe recueil de dix titres de pop acidulée et très nettement 90’s, dont les références à toute la scène noisy-pop ou shoegaze de ces 90’s bénies (en vrac et pour faire court, The PASTELS, MY BLOODY VALENTINE ou TEENAGE FAN CLUB, ou encore THE JESUS AND MARY CHAIN), assumées et parfaitement digérées, débouchent sur d’incroyables bombinettes courtes et redoutablement efficaces.
De surcroît, un petit côté « brumeux » et aérien, presque « dreamy » comme on se plait à qualifier ainsi certaines formations actuelles ou plus anciennes comme Lush ou les Pale Saints, vient ajouter à l’intérêt suscité par l’opus, en même temps qu’il se pose comme le parfait contrepoint des envolées noisy qu’il dévoile. Et la durée réduite de cet indispensable objet (35 mns) fait qu’on l’écoute forcément dans son intégralité, sachant que de toute façon, l’écoute des premiers titres incite fortement, pour ne pas dire oblige, à aller au bout.
Dès Contender, sobre et mélodiquement scintillant, doté d’une guitare « floue » assez irrésistible, le charme opère et sur le vivace Come Saturday, c’est toute la vague noisy pop qui nous revient en pleine face sans crier gare. Alerte et rythmé, doté de mélodies célestes emportées par des guitares loquaces et parfaitement équilibrées entre prétentions noisy et un versant plus « cotonneux », ce titre résume d’ailleurs bien le contenu de l’album. Arrive ensuite l’un de mes morceaux préférés, Young Adult Friction, qui lui aussi allie parfaitement sensibilité pop et sonorités plus « sales ». Ces atouts décisifs se doublant d’un partage du chant entre voix féminine et masculine, ainsi que d’un refrain tout simplement mémorable.
Il en va ainsi sur les dix morceaux inclus dans l’album, les claviers se distinguant à leur tour, sur This Love Is fucking Right!, en appuyant avec discrétion ces guitares divines et gentiment distordues, tel un M.B.V. période Ecstasy And Wine.
Sur The Tenure Itch, on croirait entendre le R.E.M. de Murmur, la superbe pop du groupe illuminant une trame sombre pour créer une sorte de clair-obscur semblable à celui dont la formation de Michael Stipe a le secret et qui illuminait leur chef d’oeuvre de début de carrière.
La seconde partie du disque ne dénote pas, est-il besoin de le préciser, et trouve le juste milieu entre, donc, élégance pop et élans noisy, à l’image de Stay Alive ou de ce Everything With You vif et entrainant, ou encore de A Teenager In Love et son intro basse-batterie marquante, sur lequel c’est pour une fois la rythmique qui prédomine, guitares et claviers, plus en retrait, intervenant de ce fait de façon plus éparse mais avec, du coup, plus d’à propos encore.
Pour finir, un Hey Paul furieux, massif et porteur de six-cordes surexcitées desquelles émerge un chant affirmé, puis Gentle Sons, lui aussi puissant, mais plus saccadé et bien tempéré par des breaks me rappelant certains moments du Psychocandy des frères Reid, confirment la splendeur et la nécessité d’un tel album, en ces temps ou beaucoup, et notamment les plus jeunes, ne jurent que par une scène anglaise qui se mord déjà la queue ou crient niaisement au génie devant les élans de grandiloquence ridicule d’un trio dont je ne citerai pas même le nom et dont les débuts eextrêmement prometteurs sont maintenant bien loin.
Superbe disque, l’un des meilleurs de cette année 2009, et superbe découverte.