Le lendemain même d’une soirée mémorable à Amiens, ville à laquelle ils vouent un attachement tout particulier depuis leur dernier concert en date, les parisiens de Stuck in the Sound jouaient non loin de là, à Pont Sainte Maxence, dans l’Oise, dans une salle de la Manekine peu garnie mais acquise dans sa totalité à la cause du groupe. Le parterre de fans et d’amateurs présent ce soir-là, très hétéroclite tant dans l’âge que dans le style des personnes le constituant, laissait augurer d’une soirée bon enfant. Et ma foi, ce fut le cas avec, pour débuter, les Rouennais de Tahiti 80 auxquels allait succéder la machine scénique qu’est désormais Stuck in the Sound.
Honneur donc, pour ouvrir le bal, à Tahiti 80 et sa pop souvent raffinée, parfois plus franchement rock, souvent très convaincante. Le savoir-faire du groupe, doublé de la jovialité d’un bassiste aussi doué avec son instrument que prompt à détendre l’atmosphère par le biais de blagues dont il a le secret, allait faire de cette première moitié de soirée un moment agréable, et même permettre à beaucoup d’entre nous de faire une découverte de choix. Sa pop racée, élégante et mélodiquement irréprochable, soulignée par la voix délicate du chanteur guitariste, s’est en effet avérée être une sacrée surprise et valider le choix de cette formation pour ouvrir la voie aux « Stuck » comme on a désormais coutume de le dire.
Place donc à ce quatuor dont j’attendais pour ma part, après le set intense de la veille et en tant qu’auditeur exigeant, une confirmation dont je ne doutais cependant pas qu’elle surviendrait très vite.
En effet, dès les premières chansons exécutées avec cette hargne, ce jeu de scène physique et passionné, le public pontois allait adhérer sans tarder à la bourrasque Stuck, dotée de surcroît d’un son presque noise, très 90’s comme le revendique le groupe. Une formation remontée et batailleuse, aux membres faisant corps avec leurs instruments, communicatifs et gratifiant en cette occasion Liane, intimidée et rougissante, touchante de non-assurance, de l l’habituel break de « Toy boy ». Les titres, compacts et joué sans faux-semblants, bien équilibrés entre leurs deux albums, se sont succédé comme à la parade, entre élans pop, rock vitriolé et secousses noise. Si on ajoute à cela le charisme de José et l’accessibilité de tous, un répertoire n’offrant aucune prise à la médiocrité, et la maitrise surprenante d’influenceselles-mêmes de haut niveau (Pixies, Sonic Youth etc…), il va sans dire que ce concert a, à l’instar de nombreux autres, marqué les esprits et permis à Stuck in the Sound de rallier de nouveaux « adhérents » à sa cause, et ce au travers des générations présentes. L’investissement du groupe ne dépend en effet aucunement de l’importance de l’assistance ; il n’est lié qu’à la passion qu’il affiche et au respect qu’il voue à ses fans et ce soir-là encore, personne ne pourra dire, loin s’en faut, qu’’l a été bafoué ou s’estimer insatisfait de ce qui lui a été donné à voir.
Pour conclure, un set intense et solide, un de plus, pour les Stuck, et la brillante confirmation de ce que ceux-ci engendrent, d’un point de vue scénique et discographique, depuis quelques années.