Avec le background musical qui est le sien, pas étonnant que Sophie Delila ait fait de la soul son mode d’expression favori. Papa avait un home-studio, des invités aussi prestigieux que Marvin Gaye ou Ray Charles : dans la discothèque, on y trouvait Michael Jackson, Stevie Wonder, ou encore les Kinks ou les Beatles quand il a fallu découvrir les guitares. A la fin de l’adolescence, direction le Berklee College of Music, à Boston, où le jeune femme y parfait sa culture musicale.
Malheureusement, ce parcours musical, qui laissait augurer le meilleur, se termine sur un disque assez difficile à supporter, et qui manque singulièrement de « soufre », trop radio-friendly. Sophie Delila a assurément une très belle voix, mais l’ensemble du disque est trop produit pour qu’on ressente une vraie expression de ce potentiel. Les comparaisons sont inévitables, et pour la voix, il y a du Whitney Houston, mais, et c’est justement le problème, les arrangements ont souvent tendance à plomber les mélodies. On nage même parfois dans le r’n’b qu’on subit sur certaines radios, mais fort heureusement, la jeune chanteuse a du talent qui ressort sur quelques titres, qui laissent augurer une possible amélioration pour le suite de sa carrière.
Et ce n’est certainement pas un hasard si les titres les plus convaincants sont aussi ceux qui sont les plus dépouillés, comme « Another World« , où les cordes s’effacent suffisamment pour laisser le piano et la voix (très puissante) de la jeune femme s’exprimer, ou encore « Hey Mister » et « Betterside« . « Hooked » est quant à lui assez proche du « Mercy » de Duffy, mais même s’il est un peu moins convaincant que le tube de la Galloise, il permet de croire à un avenir pour Sophie Delila dans la soul un peu enlevée, moins à l’eau de rose que certains titres (« Can’t Keep Loving You« , « In the Morning« ). Ceci dit, la menace de glisser dans le r’n’b à la sauce NRJ est toujours un peu latent, sans que l’on sache vraiment à qui s’en prendre…La production ? Oui, elle est peu digeste, arrondit en permanence les angles en surexposant la voix de Sophie Delila. Les compositions, un brin « racoleuses » ? Certainement, l’envie de passer à la radio se voit un peu trop nettement pour qu’il n’y ait pas un doute sur les intentions de la chanteuse et de la maison de disques de ratisser large. A la fin du disque, il reste plein de questions en suspens, le potentiel affleure à la surface, mais ne perce jamais véritablement, juste quelques fulgurances par-ci par là, et sur un bulletin de notes, il y aurait écrit « Peut mieux faire« . J’ajouterai qu’aller reprendre les disques de papa pourrait être salvateur pour la chanteuse, afin de retrouver et d’affirmer ses racines soul.
Le MySpace de Sophie Delila
Ecouter « Hooked » de Sophie Delila sur Deezer