Par Mickaël, Joseffeen et Amenina
Traduction par Joseffeen et Amenina
Version anglaise de l’interview ici
Le 21 janvier 2009, le groupe américain Calexico était de passage à Bordeaux pour un concert à la Rock School Barbey, avec le groupe Depedro en première partie. Joey Burns, le chanteur du groupe, a répondu à quelques questions juste avant le concert dont le live report est ici (lire le live report).
MuzzArt: Votre album « Carried To Dust » est sorti il y a quelques mois, comment l’avez-vous enregistré et en combien de temps?
Joey Burns (chant/guitare): Ça nous a pris environ un an, je pense, pour nous y mettre une fois en studio. On est tous impliqués dans d’autres projets en parallèle. En général, on se met d’accord avec notre maison de disques pour une date et ensuite on la repousse pour avoir tout le temps qu’il nous faut. John Convertino et moi avons commencé à travailler sur les chansons en studio, c’est là que nous les avons écrites puis enregistrées. C’est après ça que nous est venue l’idée d’inviter d’autres musiciens à nous rejoindre, certains venant d’Europe, d’autres d’Amérique. Et on a repris les chansons une par une avec eux de manière très naturelle.
MuzzArt: Vous travaillez toujours au même endroit?
Joey: La plupart du temps, dans les studios Wavelab à Tucson (Arizona).
MuzzArt: As-tu écrit certaines des chansons de l’album pendant votre précédente tournée?
Joey: Pas vraiment. J’ai du mal à écrire pendant les tournées parce qu’il y a beaucoup de choses à faire, comme les balances. Notre manager français vient juste de nous dire: « Waouh, elles durent longtemps vos balances! ». C’est vrai qu’on prend notre temps, on aime profiter des balances pour trouver de nouvelles idées, et même parfois écrire de nouvelles chansons, mais je ne m’en souviens jamais.
MuzzArt: Ça, c’est certainement à cause du vin… (en montrant le verre de vin que Joey tient dans sa main).
Joey: (rires) Oui, on profite de l’instant présent. Le vin et le bon fromage, ça aide toujours! Ensuite, on prend une minute pour rassembler nos bouteilles, rassembler nos idées et en garder les meilleures. Ça nous prend toujours beaucoup de temps.
MuzzArt: « Carried to Dust » est plus sombre que « Garden Ruin » (2006), c’était intentionnel?
Joey: Je ne sais pas vraiment ce qui est sombre, ce qui est léger, ce qui est comique, ce qui ne l’est pas. Parfois le fait de vouloir être trop sérieux donne un effet comique. C’est pour ça qu’on a besoin de nos amis et de nos familles pour nous dire quand on est ridicule. En ce qui concerne les thèmes, j’essaie toujours d’aborder des sujets profonds que j’aime bien contraster avec des musiques plus légères. C’est difficile pour moi de comparer ces deux albums. Il faudrait peut-être que je les réécoute l’un après l’autre. Chaque pays interprète la musique de façon différente, c’est pour ça que c’est aussi intéressant non seulement en Europe et aux Etats Unis mais aussi en Asie, en Australie ou en Amérique du Sud. J’aime bien le fait que tout le monde réagisse différemment.
MuzzArt: Il me semble qu’un des thèmes principaux de « Carried to Dust » est le voyage…
Joey: Oui, c’est vrai mais je parle aussi de la nature et de l’environnement et peut-être aussi parfois de spiritualité mais il y a plein d’autres choses aussi. Hier soir par exemple, on a joué « Gift Exchange » parce que c’était le jour de l’investiture d’Obama. C’est une chanson un peu planante et plus positive que certaines de nos chansons.
MuzzArt: Il y a une chanson qui est assez différente de ce que vous faites d’habitude et que j’aime bien sur « Carried to Dust« , c’est « Contention City« . Elle me fait un peu penser à une chanson de Sigur Rós.
Joey: C’est marrant que tu dises ça parce que notre ingénieur du son travaille parfois avec Sigur Rós. Cette chanson est très atmosphérique et a une dimension universelle grâce à sa mélodie. On ferait peut-être e même genre de musique si on vivait en Islande. C’est une question de grands espaces. L’Islande et l’Arizona se ressemblent de ce point de vue-là. Et, pour ce qui est des paroles, j’avais envie de parler du fleuve (le Colorado) qui traverse la frontière entre le nord du Mexique et Calexico en Californie. Il est très pollué, et puis c’est assez symbolique pour moi parce que c’est aussi ce fleuve que les immigrants remontent pour passer du sud au nord. Peut-être que ça nous ramène aussi à la question de savoir ce qui nous lie les uns aux autres, et de comment on pourrait régler le problème. Ça me fait penser à une autre chanson de notre « Feast Of Wire » (2003), « No Doze » qui a elle aussi cette même atmosphère planante et dont je ne me lasse pas.
MuzzArt: Tu as une relation spéciale avec la France, tu as travaillé avec Jean-Louis Murat…
Joey: Et Dominique A. aussi. On a déjà joué ensemble sur scène. En ce moment, j’adorerais travailler avec Lhasa qui vit à Montréal. Je viens de lui envoyer un mail en disant « Si tu as besoin d’un musicien pour faire quoi que ce soit, je suis là!« .
MuzzArt: Tu as enregistré un maxi avec Iron and Wine et tu as joué de la basse sur l’album de Shannon Wright, tu dors parfois??
Joey: Oui, je vous assure! Vous savez, tout ça, c’est de la musique. Ça m’amuse beaucoup et ça nourrit mon âme.
MuzzArt: Tu peux nous parler un peu de Depedro?
Joey: Bien sûr! (Il regarde autour de lui). C’est bon, il n’est pas là, je peux tout vous dire! (Puis il aperçoit Depedro en train de nous observer par la fenêtre). Oh, non, il nous regarde! (rires).
On s’est rencontré à Bruxelles grâce à notre amie commune Amparo Sanchez. Elle avait un groupe du nom d’Amparanoia et nous avons enregistré quelques chansons ensemble. C’est elle qui m’a présenté ce drôle de personnage. Il avait des dreads à l’époque. C’est un super guitariste, il est vraiment étonnant. A force de jouer ensemble toutes ces années, on est devenu très amis comme avec Amparo ou Sam Beam d’Iron And Wine dont on parlait tout à l’heure. C’est ce qu’il y a de bien dans la musique, ça permet de rencontrer plein de gens. Chacun apporte quelque chose d’unique. Par exemple Jairo (Depedro) joue de la guitare comme personne que je connais aux Etats Unis. Il a passé du temps en Europe, au Pérou, a vécu en France et il a aussi beaucoup d’influences africaines dans sa musique. Il connaît plein de rythmes différents et sait taper dans ses mains de 10 façons différentes au moins. Et on s’amuse bien avec lui aussi.
MuzzArt Quizz:
MuzzArt: Selon vous, quel est le meilleur endroit pour jouer de la musique?
Joey: Devant un public d’amis.
MuzzArt: Et le meilleur endroit pour écouter de la musique?
Joey: Dans un cercle d’amis ou en dehors du cercle d’amis ou les deux et dans ce cas, ça fait stéréo (rires).
MuzzArt: Tu fais de la musique pour: l’argent, la gloire, sortir ou voyager?
Joey: Ça a sûrement quelque chose à voir avec un voyage spirituel.
MuzzArt: Vous avez joué dans de nombreux pays maintenant, y a-t-il un pays dans lequel tu aimerais faire des concerts?
Joey: On a joué au Chili et en Argentine mais on aimerait jouer au Mexique, au Brésil, à Cuba, au Vénézuéla ou en Colombie, les pays comme ça.
MuzzArt: Pour terminer, quel est ton Beatles préféré?
Joey: Stuart Sutcliffe. C’était leur bassiste au tout début. Je trouve qu’il avait beaucoup de classe.
__________________________________________________
Le site officiel de Calexico
Le MySpace de Calexico
_____________________________________
Merci à Joey Burns pour sa gentillesse et sa disponibilité, ainsi qu’à Cooperative Music et la Rock School Barbey.