Label de qualité, au catalogue diversifié et sans faiblesses, NOVA EXPRESS RECORDS nous livre donc cette nouvelle production des montpellierains du SKELETON BAND, après nous avoir gâtes avec, par exemple, l’album de Gadwin.
Eh bien là, il faut bien reconnaittre que le disque dont nous parlons est lui aussi excellent, porteur d’une identité marquée, hors des normes.
Le SKELETON BAND joue en effet une sorte de blues multiforme, souvent fiévreux, à la manière d’un Tom Waits ou même de Noir Désir dans ses moments les plus déchirés. Il y a également du Violent Femmes dans la façon qu’a le groupe d’électrifier une trame folk aride et de lui appliquer un traitement personnel, et de cette démarche résultent dix morceaux ne pouvant souffrir la moindre critique.
On se permet même le chant en Français pour le titre introductif, « Vous ne m’aurez pas cru (part 1)« , à l’ambiance cabaret façon Arno, une voix prenante passant sans vergogne d’un registre posé à des poussées en fiévrées du meilleur effet. Des sonorités discrètes venant achever de faire de ce titre, en l’étoffant efficacement, une entrée en matière idéale, au refrain aussi captivant que le chant qui le formule.
Cet univers singulier, Le Skeleton Band le décline à l’envie sur la totalité de cet album, ce que montre un « L’automne » oscillant lui aussi entre quiétude et élans plus colériques, une guitare bruitiste venant orner le tout avec fracas et à-propos. Et dans un registre plus délibérement posé, le groupe fait ses preuves avec la même maitrise sur « Hunter’s knife« , instaurant par la même occasion une tension retenue propre aux influences qui le caractérisent.
Au vu du savoir-faire et de la mainmise sur ces influences et la façon de les réinvestir au service de l’élaboration d’un « monde » individuel, il est bien évident que nous ne trouverons sur cet opus que des morceaux de qualité, tels « Empty head« , saccadé et doté de sonorités acoustiques élégantes, à l’instar de « The fall« , sobre et pourtant intense dans ce qu’il exprime, dans ce qu’il dégage.
C’est ensuite un ambiance jazzy/cabaret qui anime « Randon man« , le chant mêlant Anglais et Français et s’avérant une fois de plus envoûtant, aidé en cela par un « décor » musical chatoyant et sans excès malgré la richesse de l’instrumentation utilisée pour sa construction.
C’est d’ailleurs ce qui fait aussi le charme et la force du groupe; le recours à des instruments moins traditionnellement rock comme le glockenspiel, le melodica ou le banjo, ou encore…un arrosoir et une boite de sardines. Ce qui accentue le côté rudimentaire, folk et « self-made » de ce « Preacher blues« , « Jesus trust in me » affichant ce côté authentique avec éclat, de même qu’une pochette qui à elle seule suscite déja l’envie de découvrir le contenu qu’elle renferme.
Sur « Hard pavement« , c’est aussi probant et cette collection d’instruments vient enjoliver (un harmonica fait ici une apparition brève et remarquée) un titre semblable à ses pairs…dans l’intensité qui en émane et dans son côté fiévreux et insoumis.
Le chant exclusivement en français fait ensuite son retour sur « Fils, mon cher fils« , aux jolies envolées instrumentales et qui nous narre une histoire saisissante, ceci de façon lettrée et passionnante. Le groupe, habité, vivant de toute évidence pleinement sa musique, ce qui explique la valeur du rendu et l’enchantement, le « voyage » qu’engendre son interprêtation.
Enfin, c’est « Vous ne m’aurez pas cru (part 2)« , qui conclut de façon aussi significative que son « petit frère » qui introduisait l’opus. On entend même ici des oiseaux, ce qui incite à la quiétude et crée donc un contraste bienvenu avec un contenu plus tourmenté, ces volatiles achevant même le morceau comme pour nous aider à nous remettre de ces chansons en parfait équilibre entre deux tendances, abouties et se voulant le reflet, l’exact reflet, de la singularité et de la personnalité d’un groupe talentueux au possible.
http://www.myspace.com/alexandtheskeletonband