S’il n’est pas surprenant de voir revenir l’artiste en solo, la surprise est immense à l’écoute de ce disque. Parce que si Mr Anderson a toujours su écrire de magnifiques chansons, le dépouillement dont est orné ce « Wilderness » fait ressortir à merveille les arrangements du disque. En neuf titres, presque toujours portés par un duo piano-violon, évidemment transcendé par la voix vibrante de Brett Anderson, on a l’impression d’écouter une pop romantique dépouillée, mais luxuriante, lumineuse grâce à ses arrangements. « A Different Place » prend au coeur dès le début, et ce n’est pas « The Empress » ou « Chinese Whispers » qui viendront vous faire lâcher votre mouchoir, déjà bien imbibé de vos larmes de crocodile, tirées avec ardeur par ce piano soyeux et le violon larmoyant.
Si l’on pourrait craindre une certaine lassitude envers ce romantisme exacerbé, elle est joliment désamorcée par « Funeral Mantra« , à la guitare et dont l’aspect menaçant fait planer sur le morceau une tension qui ne retombe jamais et relance le disque. Sur « Back to You« , Brett Anderson reçoit le soutien d’Emmanuelle Seignier, qui apporte une jolie touche de sensualité à un disque qui n’en est pourtant pas dépourvu. Sorti grâce aux efforts du webzine Drowned in Sound et de son tout petit label, c’est pourtant un disque immense et bouleversant qu’a livré l’ancien chanteur de Suede. Cette étiquette n’aura donc plus lieu d’être : il sera désormais juste Brett Anderson.