Le noir vous va si bien….
Dés les premières notes, les premiers accords, Jade Morisson nous installe dans son univers, le décor est planté : « Always, always, que tu ressentes encore ».
De prime abord le propos musical pourrait paraître épuré, sobre, avec une guitare folk très en avant, mais ces chansons sont comme de petits icebergs dans le dos, derrière la guitare, se cachent d’autres guitares, souvent mélodiquement très fines et posées, elles font scintiller chaque titre ; de rythmiques rock « palm mute » comme on dit en français, en arpèges précis, attaqués au médiator, en passant par des accords éclatants, le sentiment d’épure est tout relatif.
Le piano de Marc Delmas, qui a enregistré, mixé, co-arrangé et co-réalisé avec Jade Morisson, ce disque, renforce la mélancolie et le côté romantique, à la chanson « Te refaire », qui est une de mes préférées : « Si tu n’as pas de rêves, les ailes se referment, les visages et les verres se resserrent ».
Jade Morisson est entourée d’autres musiciens qui sont venus apporter leurs contributions :
Loïc le Guillanton à la guitare « Si pour le meilleur ou pour le pire », Stéphane Perrone à la guitare électrique, Thomas Dumartin à la basse sur « Le fil », Bertrand Noël apporte une touche rythmique sur 3 titres, à la batterie ou aux percussions et enfin Christophe Jodet fait glisser son archet sur une contrebasse sur le titre envoûtant « Les roses d’automne », ces deux derniers musiciens déjà complices de musique de Marc Delmas.
Jade Morisson, nous chante les remords et les regrets des amours défuntes, les rêves et les illusions perdus, des histoires de vies et de temps qui passent, avec une voix très émouvante et chaleureuse, les mélodies se marient parfaitement avec des textes qui sont d’une force poétique indéniable et qui vous prennent au corps et au coeur : « A te tenir au bord, le bateau entre au port, chargé de ciel d’automne et des filets de tes remords ».
Sur le dernier titre de l’album « Nos ecchymoses », le piano seul prend la place de la guitare, et l’émotion est à son paroxysme.
Jade Morisson nous livre 12 chansons avec une parfaite cohérence, sans aucune sensation de répétition ou de déjà entendu. Dans ce disque autoproduit, qui mêle, à la sensibilité et l’émotion, une énergie et une rage sourde, elle réveille en nous nos rêves adolescents avec le sentiment que rien n’est impossible et l’envie de tout bousculer avec.
Fab’