Par Joseffeen et Amenina
Arcahuetas a joué le 13 juillet 2007 au BT59 (Rue Marc Sangnier 33130 Bègles) dans le cadre du festival culture(s) rock organisé par l’association Allez les filles.
Muzzart y était! Nous y avons rencontré Gregory Desgranges (chant/guitare/…) et Iantha Rimper (violon/ guitare). Ils nous ont accordé quelques minutes pour une interview…
(A noter: Atomic Production est en train de préparer une petite vidéo de leur prestation.)
Muzzart : Arcahuetas existe depuis presque 10 ans, pouvez-vous nous parler de votre parcours?
Grégory: Pendant les 5 premières années, on s’est formé à Barbey et on a écumé les bars locaux, les caves, etc… Et petit à petit, j’ai eu envie d’aller de plus en plus loin. Parallèlement, mes études m’ennuyaient profondément et des gens à Barbey étaient prêts à nous aider. Il y a eu un split du groupe parce qu’on n’était pas d’accord sur ce qu’on voulait faire. C’est à ce moment-là que j’ai recruté les nouveaux membres du groupe plus deux qui nous ont rejoints ces deux dernières années pour notre deuxième album. (ndlr: Les autre members du groupe sont Fabrice Crosia (guitare basse) et Sébastien Chagneau (batterie), quant aux petits nouveaux, il s’agit de Paul Gonet (guitare) et de Stéphanie Baburek (guitare folk/ violon/ guimbarde))
Muzzart: On peut dire que c’est là que ça a vraiment commencé pour vous…
Grégory: Oui, on a fait un premier 3-titres qui a donné lieu à quelques chroniques, on a fait plein de concerts: c’était chouette. Et puis grâce à notre premier album on a participé aux selections pour le Printemps de Bourges à Bordeaux en 2004. On avait été repéré par Philippe Meyer qui nous avait diffusés et nous avait trouvé un super concert à Tarbes.
On a assez peu joué sur Bordeaux ces dernières années en fait mais on aimerait bien recommencer à le faire pour notre deuxième album. C’est un peu un passage obligé quand on veut travailler avec des majors.
Muzzart : Vous avez fait pas mal de concerts en 2005, est-ce que ça vous a aidé?
Grégory: Ces concerts nous ont apporté les moyens nécessaires pour nous payer un attaché de presse et d’avoir accès à des trucs auxquels on n’a pas accès en tant que petit groupe comme la programmation sur France inter. Philippe Meyer m’a dit que chaque animateur avait son propre casier où les groupes déposent leurs cds et que ces casiers sont vidés deux fois par jour. Donc aujourd’hui, si on veut avoir une chance d’être écoutés, il faut avoir un attaché de presse.
Muzzart: Vous avez un label?
Grégory: Non, on est toujours en auto-production absolue. Grâce à notre attaché de presse on va peut-être rentrer dans la rotation de France Inter et on a des contacts avec Sony et avec Wagram. Mais quand on est un petit groupe, il y a toujours un moment où il faut qu’il y en ait un qui enclenche le premier wagon pour que les autres suivent sinon ça peut tourner en rond pendant des années: le tourneur veut attendre qu’il y ait un label, le label veut attendre qu’il y ait un tourneur, les radios veulent attendre qu’il y ait un distributeur, etc… Et notre attaché de presse va essayer de nous aider à accélérer les choses.
Muzzart: Et qu’est-ce que c’est l’Asso.c.i.a.l?
Grégory: Au départ c’est l’association de soutien des groupes Arcahuetas et Lips qui sont des amis à nous, on a fait les mêmes scènes aux mêmes moments… On a monté cette asso pour pouvoir louer des camions, organiser des concerts, etc… là, on s’est un peu développé. ça fait un paquet d’années qu’on fait de la musique maintenant et on avait envie de donner des conseils aux groupes et pour la rentrée, on voudrait mettre à disposition notre petit studio d’enregistrement pour des premières maquettes pas trop cher et initier les groupes à ça, et puis aussi peut-être donner quelques conseils de management.
Muzzart: C’est ce qui vous a manqué au début?
Grégory: Oui, parce qu’au départ on n’était pas forcément tous de Bordeaux, je ne connaissais personne et j’ai mis 5 ans à faire mon trou.
Muzzart: Vous pouvez nous parler un peu de votre nouvel album ‘… à la Errol Flynn‘?
Gregory: Cet album a une genèse un peu particulière. On avait un tourneur qui voulait travailler avec nous et on lui avait envoyé des démos de morceaux en acoustique en se disant que ce serait plus facile pour jouer dans des petites salles. Ça lui avait plu, il nous avait demandé d’enregistrer un album mais il a finalement arrêté de travailler et une fois en studio on a décidé de partir de cette base acoustique. Là, on a travaillé avec Cryogène Production qui ont déjà fait des albums pour Lips, No Hay Banda,… et avec eux, on a réussi à vraiment créer un truc même si c’était plus vraiment un album acoustique. On devait le faire en 10 jours mais on est finalement resté trois mois. On a fait un disque dont on est très contents et on a pas mal de bons échos.
Muzzart: Dans l’album ‘Glucose et fond de teint’, tous les titres font penser à des traités philosophiques, est-ce que vous avez aussi imaginé un concept pour le deuxième album?
Grégory : Il y en aura peut-être un, mais pour l’instant l’album n’est pas encore terminé, il ne sortira qu’en janvier ou février 2008.
Muzzart: Et est-ce que vous avez un titre?
Grégory : Oui, ce sera ‘…à la Errol Flynn’ puisque l’album tourne autour de ce personnage qui me fascine. Je me suis beaucoup documenté sur lui après avoir vu un reportage sur lui et sur le cinéma des années 30. A sa manière, c’était un rocker bien avant l’heure: picoleur, coureur de jupons et qui se moquait absolument du regard des autres. Par exemple, en plein Maccarthisme, il affichait publiquement sa sympathie pour Fidel castro.
Et puis, ses personnages de films étaient absolument géniaux.
Muzzart : Des films à conseiller?
Grégory : ‘Gentleman Jim’ (1942) et ‘Robin des Bois’ (1938)
Muzzart: Vous êtes très influencés par les années 50/60, qu’est-ce que vous préférez dans cette période?
Grégory: Chuck Berry!! Mais bon en fait au début d’Arcahuetas, on était surtout influencé par le rock des années 90: Noir Désir, les Pixies, les Thugs et tous les groupes de rock français de l’époque. A Barbey, on a travaillé avec Daniel Marrouat et Paul qui joue avec nous qui sont tous les deux d’une génération avant nous et qui nous disaient que ces groupes-là ne sortaient pas de nulle part. Et puis moi, j’étais très demandeur de culture musicale, du coup, on est reparti très loin et on est remonté jusqu’au blues des années 30. Et dans le tas, ce que j’ai retenu c’est le rockabilly ou des groupes comme les Stray Cats dans les années 80. Et les autres ils avaient pas le choix…
Muzzart : D’accord, c’est comme ça que vous composez alors? Il n’y a que toi qui décides? (rires)
Grégory : (rires) Non, en général, j’amène une base et les autres travaillent dessus et puis on se met d’accord. De toute façon, dans un groupe, il faut trancher sinon ça part dans tous les sens. Et c’est moi qui tranche. (rires)
Muzzart: Et les textes, c’est toi qui les écris?
Grégory : Oui, c’est moi. En anglais, c’est relu par Iantha.
Muzzart : Et au fait, ‘Arcahuetas’, ça vient d’où exactement?
Grégory: Ça, c’est une réponse que je ne peux pas donner… (rires). A vrai dire, on n’y accorde pas beaucoup d’importance, ça sonnait bien alors on l’a gardé et puis maintenant on l’aime bien.
Muzzart : On a du mal au début, on ne sait jamais comment l’écrire mais au moins, on le retient! (rires)
Parlons un peu de vos projets maintenant. Vous avez prévu une tournée pour la sortie de l’album?
Grégory: On va essayer de faire un paquet de dates en amont pour faire un peu de promotion avant qu’il sorte. D’ailleurs, on a été sélectionné sur la compil Fnac Avant-Scène Vol.2 et on jouera à Barbey le 16 octobre pour la sortie de la compil.
On va essayer de faire plein de concerts autour de Bordeaux. Francis d’Allez les filles va nous donner un coup de main s’il peut et notre attaché de presse va nous chercher des dates sur Paris. On voudrait en janvier/février avoir trouvé quelqu’un pour enclencher le premier wagon.
Muzzart quizz:
Muzzart: Qu’est-ce qu’une bonne chanson pour vous?
Grégory: C’est une chanson d’Arcahuetas! (rires)
Iantha: Une chanson qui swingue. Je n’ai pas trop l’habitude d’écouter les paroles des chansons. Pour moi, ce qui compte, c’est la musique, l’harmonie. Après, si le texte est intéressant, c’est encore mieux.
Grégory: Moi, ce que j’aime beaucoup c’est quand une chanson est très jolie et que les paroles sont absolument terrifiantes et que personne ne s’en rend compte et ça, ça m’amuse beaucoup. Lou Reed et Bashung le font très bien.
Muzzart: Qu’est-ce qui vous a donné envie de faire de la musique?
Grégory: Moi c’est au lycée, j’avais un copain qui savait jouer trois accords de guitare, il jouait du Cabrel, je crois, et j’ai vu 200 nanas en furie quand il chantait (ndlr: il se met à chanter ‘Je l’aime à mourir’ en yahourt…) et je me suis dit: « Tiens, j’ai fait de la guitare quand j’étais petit, ça serait vachement sympa de faire de la musique! » et on a monté un groupe juste après… il s’appelait Nous Acceptons Les Chèques.
Iantha: Et moi j’étais dans le milieu classique depuis longtemps et c’est en arrivant en France que je suis un peu partie sur un autre chemin et que j’ai découvert d’autres styles de musique, l’improvisation aussi. Au départ, je ne connaissais pas très bien le rock et quand j’ai répondu à l’annonce d’Arcahuetas, c’était un peu comme une aventure: les tournées en van pourri, mal nourris et logés à 6 dans une chambre d’hôtel…
Grégory: C’est pas Bénabar qui a dit que celui qui n’a pas passé une nuit à 6 dans un formule ne connaît rien à la préhistoire? Donc elle aurait bien aimé la préhistoire… (rires)
Muzzart :
Dernière question: Vous pouvez nous chanter quelque chose?
Iantha: I beliiiieve I can flyyyy, I believe I can touch the skyyyy … (ndlr: elle chante)
Grégory: Hit the rooooad, Jack and don’t you come back no more, no more, no more, no moooore…. (ndlr: il chante aussi… et nous aussi, un peu…)