Composé de Anthony Tombling Jnr. et David Francolini (ex-Darkstar, rappellez-vous l’excellent album "Twenty twenty sound" et ex-Levitation, les références sont déja posées!), le duo issu de Bristol nous offre là un album énergique et inspiré, largement à la hauteur des influences qu’il évoque. Qu’il transcende surtout, sur lesquelles il s’appuie pour créer sa propre identité, ce en quoi il réussit parfaitement.
On pense à Nine Inch Nails, Depeche Mode, Joy Division, Sisters of Mercy parfois, pour cette tonalité sombre, avec une pointe de "early The Cure" en certaines occasions. Ces influences, DRAGONS les assimile parfaitement et les met au service d’un son très personnel, singulier, et de morceaux extrêmement attractifs et aboutis.
Dès l’énorme "Here are the roses", on est déja subjugués par cet organe vocal constituant le parfait hybride de Ian Curtis et Dave Gahan, ces guitares à la Joy Division et ces synthés en boucle tout simplement énormes. La pêche des guitares et cette batterie percutante donnent un surplus d’intérêt à ce titre qui par sa structure rappelle un peu "Head like a hole" de Nine Inch Nails.
Passé cette entrée en matière détonnante, sur "Condition", la voix fait à nouveau un effet monstre et le morceau boosté par ces synthés décidément décisifs fait surgir le fantôme de Joy Division en en proposant une version "modernisée" absolument délicieuse. Les riffs de la guitare viennent booster cette compo énorme, la six-cordes prenant des intonations qui évoquent les Sisters époque "First and last and always", et le rythme soutenu emporte l’auditeur dans un tourbillon musical étourdissant.
Sur "Treasure", la cadence se fait plus douce, ce titre se montrant presque pop et se hissant facilement au niveau des meilleures compos d’un certain combo de Basildon, puis "Obedience" introduit par les synthés produit la même sensation et montre qu’un album comme "Playing the angel", déja excellent, aurait tiré profit de la présence de tels titres. La guitare, souvent acérée, aux riffs bien sentis, donne de l’envergure à ces titres de haut niveau, et sait se faire plus nuancée comme sur la belle envolée vocale de ce "Treasure".
Sur "Trust", on a à nouveau droit à cette basse façon Joy Division, jouissive, bien en avant, les guitares prenant ensuite le relais avec brio, puis cette voix délectable, pour donner un titre enlevé et mélodique, aux envolées guitaristiques enjoleuses et qui une fois encore évoquent le meilleur du groupe d’Andrew Eldritch. Et quand "Epiphany" lui succède, la sensation exaltante de tenir là le Joy Division des années 2000 s’impose. DRAGONS élabore une cold-wave avenante avec une maîtrise rarement entrevue depuis la disparition de la formation drivée par Ian Curtis. "Lonely tonight" confirme cette impression très nette, la voix donnant par ses intonations presque enjouées une note presque optimiste à une trame musicale joliment sombre, de même que les guitares qui se font plus claires, moins opaques, et s’avèrent parfaites quel que soit le registre choisi.
Cette tonalité légèrement plus poppy trouve sa confirmation sur "Remembrance", à la fois léger et porteur d’un sentiment de mal-être, d’une mélancolie dont la mise en mots et en musique donne un résultat enchanteur. L’alchimie y est parfaite et les envolées vocales et musicales captivantes.
il ne reste plus à David et Anthony qu’à conclure avec brio, ce qu’ils font sur les deux titres qui achèvent cet album.
"Where is the love?" d’abord, lent et aérien, majestueux, puis "Forever" dans la même veine, toutefois "secoué" joliment par un refrain souligné par des guitares claires et toujours ces sonorités électro récurrentes et efficaces.
En dix titres et presque autant de tubes, DRAGONS s’impose dès son premier album comme un espoir plus que confirmé et trouvera de façon légitime une place de choix sur la scène britannique et internationale. Superbe album.