Désireux de parcourir la riche scène rock amienoise, il m’était impossible de passer sous silence l’oeuvre de ces talentueux "jeunots", d’une moyenne d’âge de 15 ou 16 ans environs, qui sortent ici leur tout premier cd. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’ici, la valeur n’attend pas le nombre des années, tant ce "Wails " convainc par sa qualité et sa maturité technique et stylistique.
En huit instrumentaux sur lesquels, à aucun moment, l’occasion ne nous est donnée de regretter l’absence de chant (même si on ne peut s’empêcher d’imaginer l’envergure que prendraient ces huit titres s’ils étaient dotés d’une voix..), les HORSES font étalage d’un talent énorme.
Dès "The united sons of Albion", on pense à Interpol en entendant ces guitares qui forment une trame sonore prenante, riche et captivante, tandis que le travail sur les ambiances et les brisures de rythme rappele Sonic Youth, celui de Daydream nation notammment, à l’écoute de ces plages instrumentales vives, diverses et trépidantes.
L’amalgame de ces deux influences est ci parfaitement réussie et au final, les Horses parviennent à nous proposer une recette toute personnelle et qui laisse augurer du meilleur pour l’avenir. Si les influences citées plus haut restent perceptibles, elles sont comme je l’ai dit bien ingurgitées et surtout parfaitement réinvesties, mises au service de la création d’un son et d’une identité propres au groupe.
De surcroît, l’alternance entre parties percutantes et plages plus sereines est habile et saisissant ("Morning buzz", le second titre, illustre parfaitement cela), et l’on pense même parfois, sur les plages les plus apaisées, à une forme de post-rock de par le côté hypnotique des ambiances. On passe avec la plus grande facilité de l’un à l’autre, sans que cette variété ne paraisse forcée ou ne manque de naturel, bien au contraire. Il est d’ailleurs difficile de distinguer tel ou tel titre tant chacun regorge de petits détails captivants et passionne par ses climats chatoyants.
Le vif "Wails" par exemple, alerte d’un bout à l’autre, suivi du non-moins vivace mis plus contrasté "1979", apportent la preuve de la richesse et de la diversité que savent imposer les Horses, ce que confirme "ICA" qui mêle habilement "temporisations" et envolées plus rapides, le tout sous l’emprise d’une inventivité et d’une inspiration surprenantes pour d’aussi jeunes musiciens. On a ensuite droit à un titre qui rappele les excellents Thousand Yard Stare et leur album "Fair to middling", "The void". Un titre fonceur basé sur un riff bien senti, simple et efficace, et sur lequel, à l’image d’ailleurs des autres morceaux, le travail sur la complémentarité des deux guitares fait merveille, aidé en cela par une rythmique carrée, également très mature, et qui donne du corps à l’ensemble.
Et comme "The deaf hymn" et "Once upon a time" s’avèrent tout aussi dignes d’intérêt, le premier nerveux et galopant et doté de superbes breaks de basse, le second nerveux et…délicieusement noisy sur sa fin, on tient là un EP plus qu’abouti, qui ne laisse planer aucun doute sur l’avenir de la formation, et encore moins sur l’énorme talent dont font preuve les quatre personnes concernées.
A découvrir sans tarder et à suivre impérativement de très près…