Il y avait eu la bonne surprise il y a quelques mois, Damien Rice allait passer à Bordeaux. J’ai dû faire partie des premières personnes à avoir acheté leurs billets après avoir écouté en boucle pendant des mois son premier album ‘O’ -oui, un peu fan quoi- et découvert en novembre dernier son nettement plus nerveux nouvel album ‘9 crimes’. Damien Rice était avant-hier soir à la Médoquine de Talence pour un concert dont on se souviendra comme d’un moment pas comme les autres.
Avant-hier soir donc, il y a eu l’heure et quelque passée sous la pluie, une première partie pleine de peps assurée par le groupe anglais The Magic Numbers, puis une heure d’attente et enfin (!!) une heure quarante de Damien Rice. Un Damien Rice tour à tour électrique et acoustique pour ses chansons contant des amours tantôt douces ou violentes, tristes ou décalées. Le concert a débuté tout en force et en guitares avec un extrait de ‘9 crimes’, ‘Me, my yoke and I‘ pour se terminer tout en douceur avec cette fameuse chanson figurant sur la BO du film Closer et qui l’a rendu célèbre ‘The blower’s daughter’.
Avant-hier soir, Damien Rice a enchaîné les chansons, laissant à peine le temps aux spectateurs de reprendre leur souffle, emportés dans ce tourbillon par sa voix si particulière se mêlant à celle de Lisa Hannigan. Damien Rice n’est pas un grand bavard sur scène, il lui a fallu 4 ou 5 titres avant de saluer le public et de lui raconter ce qui serait la seule anecdote de la soirée, l’histoire d’une chanson écrite pour une fille dans une chambre d’hôtel, une fille qui s’est évaporée parce qu’il n’a pas osé dire ce qu’il aurait voulu dire, une fille fantôme dont le souvenir continuait à le hanter dans cette chambre, qu’il soit endormi ou éveillé, et à l’origine de cette magnifique chanson intitulée ‘Cannonball’ : ‘There’s still a little bit of your taste in my mouth/ There’s still a little bit of you laced with my doubt/ It’s still a little hard to say what’s going on’.
Il ne dira rien d’autre de la soirée mais personne ne lui en voudra. On ne peut pas se permettre de critiquer quand on vous fait vivre un moment pareil. Comment ce petit gars aux cheveux hirsutes et qui semble débarquer d’une autre planète réussit à vous embarquer comme ça est un mystère, ‘It’s magic!!’ lui criera quelqu’un à la fin du concert. C’est peut être ça après tout, Damien Rice est un drôle de magicien capable de vous clouer sur place, capable d’apprendre à jouer du piano entre deux albums, de créer un univers bien à lui et, en plein milieu d’un concert, de reprendre ‘Bang bang’ de Nancy Sinatra , d’y mêler ‘Ne me quitte pas’ et une improvisation de percus … sur sa guitare.
Quant aux quelques titres interprétés par Damien seul à la guitare ou au piano, dans la salle, pas un mot, pas un mouvement, un instant suspendu suivi de quelques secondes de silence avant que le public ne se souvienne qu’il fallait applaudir. 3000 personnes qui ne font pas un bruit pour ne pas en rater une miette, cela n’arrive pas tous les jours.
Je pourrais vous en parler pendant des heures mais je vais m’arrêter là alors, en résumé? Pour citer les derniers mots de cette surprenante reprise, et bien avant-hier soir, il nous a tués, bang bang.