Thomas Bonvalet, ex-Cheval de Frise (guitare), se distingue ici en solo après que ce génial duo ait cessé son activité, sous le nom de l’Ocelle Mare. Il nous offre un album court mais très émotionnel, énigmatique aussi, empreint d’une grande sincérité. Vingt-quatre minutes en tout et pour tout, pas de réel nom, pas de noms de morceaux non plus: le mystère demaure entier, un peu comme pour le "()" de SIGUR ROS, et c’est justement cela qui, bien souvent, constitue la marque distinctive des grands albums. Ces albums exigeants, épuisants même, à l’écoute, mais qu’une écoute attentive et répétée permet, pour l’auditeur averti et persévérant, de hisser au niveau de quasi-classique du genre.
Thomas, lui, officie dans un style uniquement axé sur la guitare, les sons et les émotions qu’elle peut susciter et exprimer. Parfois très claire, en certaines occasions plus endiablée, délicatement caressé ou malmenée, elle dégage sur des morceaux très courts, mais animés et éloquents, une multitude de sentiments divers, en plus de dévoiler une virtuosité jamais gratuite, toujours au service de l’émotion.
Au fur et à mesure, on s’imprègne de cet album, on se laisse gagner par des sentiments divers, engendrés par ces sonorités envoûtantes, pour laisser cet album nous imposer notre ressenti puis, au final, un sentiment de plénitude du à son extrême beauté. Et on écoute et réécoute ce disque, à la recherche de notre lot d’émotions, ces dernières venant, se renouvelant, au fil des écoutes, et nous permettant de prendre un chemin différent à chaque fois, dans un imaginaire débridé et auquel la musique de L’Ocelle Mare permet de "flotter "à sa guise.
Une expérience unique, à tenter au moins une fois…et que bien souvent on ne peut s’empêcher de renouveler.