Après un premier single qui affichait des qualités évidentes, les parisiens de Gülcher sortent leur premier album avec ce « After nature » distingué et pétri de classe. Délibérément british, proposant des plages presque brit-pop mais très personnelles, cet album est d’ores et déjà amené à faire date. L’ élégance du chant alliée à une enveloppe sonore elle aussi particulièrement racée, doublée d’un sens de la composition affirmé, engendre d’excellents morceaux, dont aucun, ici, ne peut souffrir la moindre critique. Le petit côté Boo Radleys du groupe se voit confirmé par la diversité stylistique dont Gülcher fait preuve sur ce disque, en partant d’un format pop, et par l’utilisation de cuivres entre autres instruments moins usités dans la sphère rock. De ce fait, le panel musical des parisiens s’élargit et se diversifie en même temps qu’il assied la personnalité et l’identité de la formation. D’une ambiance jazzy en intro de « Rocket pants », qui ornera superbement ce morceau, aidé en cela par un violon majestueux, tout, en proposant une ambiance singulière et fascinante, on en arrive en fin d’album, sur « Kick the X away », à ce qu’on pourrait qualifier d’exercice pop libre et dénué de contraintes, à l’image, d’ailleurs, de ce disque. Une basse en relief vient faire décoller ce morceau, de même que cette rythmique élastique, cette guitare entre élans nerveux et sonorités presque western, concluant de la plus belle des façons une œuvre déjà majeure. Et quand le violon, captivant, amène une douce folie, légèrement « Deusienne », on est définitivement et irémédiablement conquis.
Entre ces deux morceaux, bien évidemment, le contenu s’avère être du même niveau. Souplesse et magie pop sur « The story of magic and grace », dont le titre pourrait d’ailleurs à lui seul résumer la teneur, doté de guitares vigoureuses venant couper avec bonheur le flow d’une trame assez poppy, des cuivres venant encore relever cet ensemble fort séduisant. Rudesse rock sur « Hotel Raphael », la voix, aérienne à la façon de Gay Dad sur son album « Leisure » venant assurer le contrepoids ce côté rock. Délicatesse et légèreté sur « 5 A.M. Sunday morning », pointes rock tout en retenue sur « Providence » et sa basse cold, entre autres éléments assurant la haute tenue de l’enrobage sonore lié à chaque chanson, ce côté rock venant s’affirmer sur le titre suivant, « Uninvited », assez alerte et ayant le bon goût d’offrir de petits breaks et des ambiances variées…et complémentaires, débouchant sur un ensemble cohérent. « Valiente vale » voit Gülcher réinstaurer une ambiance jazzy magnifiée par cette voix décidément éclatante, avant de laisser place à un rock entre vigueur et flexibilité sur « Moleskine & clairefontaine », autre chanson dont le titre pourrait lui aussi parfaitement résumer la teneur d’ « After nature »
Quant à la fin d’album, avec « Mea friggin’ culpa » et « (He’s an actor) he plays death », qui précède le « Kick the X away » évoqué plus haut, elle ne fait qu’enfoncer le clou et confirmer les qualités de ce disque qui brille de mille feux. Le premier de ces deux titres, joliment acoustique puis nettement plus rock tout en gardant cette grâce dans le chant, séduit aisément par ce contraste habile, puis le second, posé et sombre sur son intro, hausse ensuite quelque peu le rythme pour imposer un rock alerte, psyché aussi, ensorcelant.
Pour conclure donc, un opus de grande classe, à se procurer sous peine de passer à côté d’une des plus grandes révélations françaises de cette année 2006, et d’un album majeur. Magnifique.