Nous sommes avec Michel du groupe ASPO le soir de leur concert au 4 Sans avec le groupe japonais Tokyo Ska Paradise Orchestra.
Est-ce que tu peux nous présenter le groupe ?
ASPO, ça signifie d’abord About Some Precious Oldies, « à propos de certaines choses qui nous sont chères ». C’est un groupe fondé il y a 8 ans sur Bordeaux. Ses membres jouaient et jouent toujours dans les formations bordelaises telles que Improvisator Dub, Sleepers, Rageous Gratoons ou bien anciennement dans Edgar de l’Est. Des gens qui viennent d’horizons très différents musicalement parlant mais qui aiment, tous, un style particulier : le old school jamaicains, le vieux ska des années 60. Des gens qui avaient envie de pratiquer ensemble cette musique. De fil en aiguille, c’est devenu une formation à part entière, on continue à jouer dans nos groupes respectifs mais on se retrouve régulièrement pour faire un certain nombre de date.
Si tu devais définir ASPO en quelques adjectifs ?
En tout cas, je n’utiliserais pas l’adjectif festif qui est employé un peu n’importe comment lorsqu’il s’agit de ska. Je dirais que c’est une musique émotionnelle, une musique de l’âme, une musique joyeuse… C’est une musique qui, par certain aspects, se rapproche du jazz notamment à travers les improvisations.
Nous sommes ce soir pour un concert au 4 Sans avec un groupe japonais Tokyo Ska Paradise Orchestra. Qu’est-ce qui se passe lorsque ASPO rencontre TSPO ? Est-ce vous les connaissiez avant ?
De réputation en effet. Au Japon, c’est un groupe qui peut avoir l’ampleur d’un groupe comme Noir Désir ici (si on doit faire une compraraison). C’est un groupe très important, un groupe ancien , une très grosse discographie au Japon qui est bien sûr moins connu ici en Europe. C’est LE grand groupe de ska internationnal , et c’est évidemment un plaisir pour nous de jouer avec eux ,sans qui, certains d’entre nous, n’auraient, peut être, pas eu l’idée de faire cette musique.
En ce moment, l’actualité du groupe, c’est la sortie du nouvel album « Romance Without Finance » (Belleville Internationale)?
En effet, c’est notre troisième album studio après l’album live « Workin’ On A Groovy Thing ». On a éprouvé le besoin de sortir un album basé sur nos propres compositions. L’an dernier, on a tourné avec des musiciens jamaicains donc on a passé pas mal de temps à jouer le repertoire d’autres artistes et il était temps, pour nous, de jouer sur notre propre terrain, de travailler notre propre musique. C’est un album avec une seule reprise (les Clashs) revisitée à notre sauce avec une chorale et une couleur plus rythm’n blues.
Comment ça se passe la composition de vos morceaux ?
Il y a plusieurs démarches possibles : certains amènent les morceaux tout prêts avec programmations, structure et textes, d’autres amènent la partie instrumentale et une autre personne se charge des textes, il arrive également qu’une personne amène un riff et que le reste du groupe travaille tous ensemble sur sa composition. Tous est possible dans la mesure où nous sommes à peu près six sur seize à proposer des compositions.
Est-ce qu’il y a des artistes clés qui vous lient tous les 16 ?
Un des artistes clés, c’est la personne avec qui nous avons eu la chance d’enregistrer un album live l’an dernier : Alton Ellis qui est une figure historique de la musique jamaicaine reggae. Il faut savoir qu’avant le succès international de Bob Marley, la principale vedette jamaicaine entre 1965 et 1972, c’était Alton Ellis. Plus anciennement, c’est les Skatalites qui est le groupe qui nous a amené à faire cette musique, on a eu l’occassion de jouer avec eux et ce fut une merveilleuse expérience.
Est-ce que vous avez prévu quelques concerts pour les festivales 2005 ?
Il y a une tournée festival d’été prévue plutôt pour 2006. Certains musicien du groupe vont être sur la tournée de Fishbone cet été. On jouera au Krakatoa en Octobre pour une sortie officiel de l’album.
J’imagine que d’être une formation de 16 personnes avec un sonorisateur, un technicien lumière, ca doit etre un véritable casse tête pour la logistique générale (organiser un concert, trouver les disponibilités de chacun). Tu confirmes ?
Tu disais 1 sonorisateur … nous avons en fait 3 sonorisateurs. On a notre sonorisateur officiel, le sonorisateur d’Improvisator Dub ou bien chinoi qui est une figure de la sonorisation à Bordeaux et ailleurs (cf. Mano Negra). De la même manière, on a 2 batteurs, deux bassistes etc … et c’est chaque fois extrêmement compliqué de pouvoir croiser les calendriers et les disponibilités de chacun et reunir tout le monde pour un concert. Il faut s’y prendre à l’avance , c’est pour ça qu’on ne fait qu’une vingtaine de concert par an.
ASPO, c’est une aventure artistique bien sûr, c’est aussi une aventure humaine entre 16 personnes qui doivent obligatoirement s’entendre pour que ça donne sur scène. Comment arrivez-vous à trouver l’unité au sein d’ASPO.
C’est surtout une unité musicale : le fait de ne pas se voir très souvent en dehors de la préparation de l’album ou bien des répétitions nous permet de garder cette fraîcheur à chaque fois que l’on se retouve pour jouer. Une fraîcheur qu’on perdrait peut être si c’était notre principale formation. On a tellement peu de temps pour se croiser et se rencontrer qu’on a pas forcément le temps de s’engueuler !!
Pour finir, est-ce que tu aurais la recette de la longévité d’un groupe ?
L’idée, c’est de penser plus à la musique qu’a son propre ego. Les problèmes d’individualisme, d’égocentrisme et d’égo surdimensionné, c’est souvent le cas de toute façon chez les musiciens, le fait même d’être sur scène suppose un certain narcissisme. Si on arrive à limiter ça et faire passer avant tout « l’oeuvre » commune (avec les guillemets qu’on veut) et la musique, on doit pouvoir s’en sortir !
Merci à Michel des ASPO
Merci à Al, Sq4lp et Motoki pour la technique
ASPO – Romance Without Finance (Belleville International) CD 13 Titres Album en écoute sur le site. Il est disponible dans une superbe édition digipack, agrémentée d’un livret 16 pages. |
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