Quintet issu de Clermont-Ferrand, l’un des bastions rock hexagonaux, Untitled With Drums sort avec Hollow son premier album, suite à un EP datant de janvier 2017. Produit par Serge Morattel (Knut ou encore Ventura, pour vous donner une « petite » idée des capacités du bonhomme), celui-ci mêle élans 90’s, dynamique métal, inclusions post-hardcore et touches post-rock, pour un rendu entièrement personnel. Tumultueux (Play with fire en ouverture, aussi mélodique que pénétrant), voilà un disque qui doit autant à Slint qu’à Failure, à Shipping News (dont son nom provient) qu’à Cave-In. Sachant qu’à l’arrivée, c’est bel et bien Untitled With Drums qu’on entend. Passing on, leste, arrivant dans la foulée du morceau introductif pour imposer sa puissance, ses riffs répétitifs et son climat nuancé. On décèle, vite, un savoir-faire qui amène Martin L.B. (basse et voix, par ailleurs signataire, également, de l’artwork du groupe) et ses acolytes à un niveau au delà du respectable. Alternatif, le registre déployé ne manque pas d’attractivité. Stasis, dans cette veine entre mélancolie, force de frappe et mélopées écorchées, se distingue à son tour. On n’hésite pas, ici, à se montrer versatile, à passer de la retenue à l’implosion ou inversement. Ca n’est jamais forcé, Untitled With Drums tenant fermement les rênes de sa méthode.
Amazed, plus loin, progresse avec autant de lenteur que d’assurance. Il s’envole sur des refrains puissants, les Auvergnats pratiquant sur ce Hollow une harmonieuse cacophonie qui tire sa sève de multiples options musicales. L’amalgame est savant, le dosage idéal. Silver, fin, visite des paysages célestes avant de durcir ses notes. Qu’il verse dans l’emphase sonique ou se montre subtil -il prend même plaisir à associer les 2 penchants-, Untitled With Drums propose du solide.
Hex, que l’on sent sur le point, constant, de rupture, renvoie une intense retenue. C’est une caractéristique au sein du groupe, ces temps dont on jurerait qu’ils vont « entrer en éruption » et qui tantôt le font, tantôt restent bridés…avec brio. En adjoignant à cela des parties post, que le groupe a la belle idée de disséminer parcimonieusement (Revolve, essai post, donc, songeur mais intense), on se crée une belle identité. Là où d’autres rentrent dans le lard un peu gratuitement, UWD pense ce qu’il fait. Il aime à mordre (Consider), mais le fait avec une science affirmée de la mélodie, de l’assemblage, aussi, d’éléments divers. L’étoffe est certes souvent grise, mais ne rechigne jamais à laisser filtrer la lumière mélodique. Heirs, cogneur et riffeur, confronte impact audible et atours fins. Il hausse le rythme, puissant mais à aucun moment commun.
Enfin, c’est un Strangers dont les premiers instants semblent augurer, encore une fois, d’envolées fortes, qui met un terme à Hollow. S’il finit dans un bruitisme peaufiné, lyrique autant que rugueux, il aura avant cela erré dans des eaux post et, de manière récurrente, captivé un auditoire conscient de tenir avec Hollow un album singulier, loin d’être banal ou trop frontal, d’un impact continu. Jolie trouvaille, française qui plus est, que ces Untitled With Drums qui, pour le coup, réhabilitent les 90’s en y puisant le meilleur pour, habilement, construire un registre remarquablement élaboré. Qui me fait de plus penser à nos Your Own Film amienois, dotés d’une capacité similaire à transcender leurs influences.